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La Bande Du Quaggan de Jade
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La Bande Du Quaggan de Jade
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18 décembre 2015

Un douloureux passé

La vue était imprenable : des rivières enflammées, des roches volcaniques … Cette odeur de poudre à canon si exquise à mes naseaux … Dommage que notre mission nous empêchait de nous reposer quelques instants.

            Les va-et-vient continues des troupes ennemis n'avaient rien d'extraordinaire, pourtant nous savions que le transport de toutes ces marchandises vers la Citadelle de la Flamme n'était pas anodin : la Légion de la Flamme préparait quelque chose …

            Les ordres du Tribun Brimstone avait été très clair : « Les agissements de la Légion de la Flamme sont, pour moi, trop suspect. J'ai besoin qu'une équipe restreinte observe leurs déplacements afin d'en connaître leurs raisons. Légionnaire Brumefeu ! Tu conduiras ta troupe vers la Citadelle de la Flamme afin d'espionner nos ennemis : découvre leurs agissements et dans la mesure du possible : tâche de ralentir leurs progressions, une approche subtile serait fortement conseillé … Mais si un bain de sang ne peut être évité ... »

            Ces paroles résonnaient encore dans ma tête. Grâce à Reeva et son Fusil de Précision, nous pouvions observer le contenu des caissons sans inconvénient. Mais c'est ce dernier caisson, brillant d'une étrange lueur rougeâtre qui m'interpella. D'un coup d'épaule, je poussas ma Chère Camarade afin d'y voir de plus près : Une caisse plus grande que notre imposant Guerrier Viventaille, ce qui n'était pas rien. Et vu la Garde qui se trouvait autour, tout portait à croire que cette boîte était d'une importance capitale !

            Hélas, mon insouciance combiné à ma jeunesse fut notre perte … Prenant mon courage à deux mains, je regardas ma troupe tout en élaborant un simulacre de plan, je pris la parole, en essayant de ne pas hurler comme à mon habitude :

 

« Camarades, vous avez sûrement ressentis la même chose que moi à la vue de ce container : son contenu est très important pour Feu-de-Bael. Je ne permettrais pas qu'il arrive entre ces mains. Vous êtes avec moi ? »

Le regard de mes amis témoignait de leur volonté de me suivre : ils me faisaient confiance, et j'espérais ne pas les décevoir, apparemment je n'avais pas espérer assez fort … Remontant mon foulard afin de couvrir mes crocs, j’exposai mon plan à ces valeureux soldats.

            La troupe de contact, composé de moi, d'Euryale l'élémentaliste adepte de l'Air et de Viventaille, un prodige en matière de furtivité, devait intercepter le colis en détournant le convoi avant d'arriver au Pont. Ainsi isoler, les Gardes seraient plus facilement maîtrisables. Leur marge d'action était minime, ils devaient faire vite.

            Heureusement, nous avions troqué nos armures contre des tenues noires, beaucoup plus discrète dans ce terrain volcanique, et plus légère que nos traditionnelles plaques. Euryale quant à elle était vêtue d'une robe de Mage ce qui facilitait ces déplacements. Viventaille tenait son épée à la taille afin d'éviter d'entendre le tintement de la Lame contre son baudrier. Dans mon rôle de Gardien, j'avais pris mon Bâton de Feu, qui me permettait d'utiliser mes Pouvoirs de Lumière afin de galvaniser mes alliés. La jeune Charr avait emporté ses traditionnelles Dagues de Légionnaire, dernier vestige de son défunt Père mort au Combat.

            Nous dévalions la pente Nord de la Pointe, dissimuler par la Crête de la colline. Reeva et Maverick avaient pour mission de nous couvrir depuis les hauteurs grâce à leurs fusils. Avant d'arriver au bas de la colline, j'entendis le Voleur Charr psalmodier quelques paroles, je ne vis aucun changement mais je devinais, après avoir vu un Dévoreur regarder dans notre direction sans broncher d'une demi-griffe, que notre camarade avait incanté un sort d'invisibilité. Heureusement pour moi, mon épaisse chevelure aérienne aurait fait tâche dans le paysage. Arrivant à environ 400 mètres de notre cible, nous ralentîmes la cadence, afin d'éviter le moindre bruit.

–        « Essayons d'attirer le moins possible l'attention des chamanes situés à l'avant » dit Euryale « Occupons nous de l'arrière garde et pillons la marchandise le plus rapidement possible, Viventaille nous assurera une couverture non négligeable »

 

            Euryale avait le don de me réconforter, elle savait que mon expérience en tant que Chef de Troupe n'était que très peu développer, et je n'étais pas reconnu pour mon courage dans la Légion, pourtant c'était moi que Rytlock avait choisi pour commander mes

camarades.

            Viventaille hocha la tête, signe qu'il acquiesçait l'idée de notre Partenaire. Et il n'accordait pas facilement sa confiance, c'était souvent bon signe s'il était pour quelque chose, ici ça ne l'était pas …

            Tout se déroula pour le mieux : Viventaille et moi avions neutralisé aisément les gardes situés derrière la carriole. Euryale avait coupé les sangles qui retenaient l'arrière du caisson d'une lame d'air dont elle avait le secret. Courant toujours derrière la charrette, j'analysais son contenu : Un Cristal de la Fournaise. Un objet magique très puissant mais surtout très instable, le moindre choc pourrait raser un champ de Bataille entier, et il avait déjà fait ses preuves. Elle était enfermée dans une Boîte de Verre, retenue à l'intérieur par des sangles. Voler cet objet s'avérait donc plus compliqué que je ne pensais. Je décidas donc de récupérer la Boîte moi-même.

            Le convoi allait atteindre le Pont dans quelques minutes, où nous serions trop exposés, je devais faire vite ! Je me rapprochas le plus possible de la charrette, d'un coup de queue, j’attrapais la boîte posé sur son socle. Pour mes frères ce n'était pas grand chose, mais pour moi qui avait 2 pattes gauches, c'était un exploit !

            Mes amis étaient surpris, ce qui me poussa à lever les bras au ciel, mais j'avais un mauvais timing … En me retournant je vis notre Viventaille exténué car il entretenait son sort depuis déjà un long moment, il tomba à genoux et je vis comme une brise d'air passé sur les fourrures de mes amis, signe que le sort s'était dissipé.

            Je n'eus que le temps de donner la boîte à Euryale, que déjà un Sentinelle hurla : « DES INTRUS !!! ILS ONT VOLES LE CRISTAL !!! ». Nous n'avions que très peu de temps avant d'être submergés, j'entendis les chaînes de la Porte de la Citadelle se mettre en marche afin de la soulever.

            Je réfléchissais à 100 à l'heure : Que devais-je faire ? Mettre le Cristal en lieu sûr, Protéger mes camarades. Je vis le regard affolé d'Euryale, j'arrivais à lire sa peur, je ne devais pas céder à la panique.

–        « Euryale, cours ! Mets le Cristal en lieu sûr, ramène le à la Citadelle Noire ! »

–        « Je ne pars pas sans vous, c'est hors de question ! »

« Ne discute pas, tu sais très bien que ça sera difficile de s'en sortir indemne, mes Pouvoirs nous protégerons moi et

–        Viventaille, je pourrais les maintenir plus longtemps si j'ai moins de personnes à protéger ! »

–        « Non je ne pars pas ! »

–        « C'EST UN ORDRE SOLDAT ! »

 

J'avais mis le peu d'autorité que j'avais dans ces paroles, pourtant elles eurent l'effet escompté : Euryale, surprise, hocha la tête avec détermination. Mais ce qu'elle fit me déstabilisa quelque peu : elle posa sa patte sur ma joue et me regarda avec une lueur de fierté :

 

–        « Malgré ton esprit lubrique, tu peux faire preuve de courage, ne m'abandonne pas Gros Ours. »

 

Puis elle s'enfuit après s'être enchanté d'un Courant d'Air, ce qui la rendit plus rapide. Entre temps, Viventaille s'était agenouillé et s'appuyait sur son épée. Il me regarda d'un air déterminé et me dit :

 

–        « Tu la retrouveras, même si je dois donner ma vie, j'en fais le serment. »

 

Je n'ai jamais aimé les serments, et celui-là sonnait avec un air de prédiction …

            Un premier groupe arriva à notre portée mais ils furent fauchés d'un coup, sans explication. Mais les trous dans leurs armures montraient bien le talent de nos tireurs d'élites. « Une balle, un mort » la devise de nos franc-tireurs. Ici c'était « Une balle, six morts ». Prenant mon Bâton accroché dans mon dos, j'entamais un sort qui rendit ce cher Viventaille plus puissant qu'il ne l'était.

            Se fondant dans les ombres, plusieurs soldats tombèrent raides morts. Repoussant mes adversaires avec des Vagues de Colère, le combat se passait relativement bien. Jusqu'au moment où un énorme « CLAC » se fit entendre comme un coup de tonnerre. Un boule de feu fondit sur les hauteurs où Reeva et Maverick étaient positionnés. L'explosion détruit le haut de la colline. Soudain, le monde autour ralentit : Rien ne se passerait bien : j'avais perdu deux de mes hommes en un instant. Ma fureur était à son sommet, rangeant

mon Bâton, je ramassis une épée au sol et commença à tailler mes ennemis avec une force surprenante.

            Mais je savais que je tiendrais pas assez longtemps, nous devions évacuer au plus vite ! Je vis Viventaille continuant de frapper nos ennemis mortellement. Je gardais un sort en réserve mais je devais me rapprocher au plus vite de lui. Mais les troupes ennemis commençaient à faire barrière entre nous.

            Je ferraillais comme une vraie tornade : trancher, taillader, découper, décapiter, planter, transpercer, tout s'enchaîna de manière naturelle, grâce à l'entraînement de la Légion. J'essayais de combattre ma peur, je ne pouvais abandonner Viventaille ! Soudain je me retrouvais dos à dos avec mon ami, la lame de l'épée en face de mon museau, ruisselant du sang de mes ennemis. Mettre ralenti me faisait trembler comme une feuille. Ma vue se brouillait. Mon poil était maculé d'un sang qui la rendit poisseuse.

            Je faiblissais tellement que je ne vis pas la lance fonçait vers moi. Mais je fus projeté sur le côté, trébuchant sur une pierre. Je n'eus le temps que d'entendre le râle de mon camarade qui avait donné sa vie pour moi. Faisant tourner depuis un moment les paroles de mon sort, à ma chute, elles sortirent seules de ma bouche, j'avais repéré un Dévoreur sur la Crête Sud de la Pointe d'Amadouat. Je me téléportais dessus dans une gerbe de flamme bleue. J'avais abandonné Viventaille à son propre sort. Il était mort par ma faute. Moi, Horus Brumefeu, nommé Légionnaire par le Tribun Brimstone, avait abandonné un équipier sur le champ de bataille. La colline était dévoré par les flammes des boules de feu. Jetant l'épée au sol, je pris mes pattes à mon cou, comme le Lâche que j'étais. Le visage de Viventaille se grava dans ma mémoire. Son râle s'éternisa dans mon esprit. Un enfant commandant une troupe ? Qui aurait permis ça ? Je n'avais aucun talent particulier, outre celui de me ridiculiser devant tout le monde.

            Je continuais ma course effrénée, essayant d'effacer de ma mémoire ces images atroces : l'explosion de la colline, le visage paralysé par la douleur de Viventaille, les cris de guerre de la Légion de la Flamme. Je sentais mes larmes coulait sur mon visage.

            Ma première pensée vient à Euryale. Elle avait fui afin de mettre le Cristal à l'abri. Je revoyais son visage me disant de ne pas l'abandonner, puis la fierté de son regard se mua en dégoût :

 

« Tu l'as abandonné ! Tu n'es qu'un lâche ! Un enfant qui ne connaît rien à l'Art de la Guerre, tu n'es rien Horus, RIEN ! »

Je me réveillas d'un bond de mon lit. Mes cauchemars devenaient plus vrais que nature. Nous étions en 1327 ApE. Un an déjà que j'avais laissé mourir mes camarades face à la Citadelle de la Flamme. Nos efforts eurent comme effet de démonter un complot visant à faire exploser la Citadelle Noire, mais j'avais perdu plus que des amis sur ce champ : j'avais perdu tout once de courage. Je cachais ma peur par mon esprit enfantin, souvent apprécié au début puis devenant fatiguant à la longue. Tout le monde me disait que j'avais fait de mon mieux, moi je n'avais qu'un mot pour me décrire : Lâche. Jamais son râle ne s'en ira.

            Ces derniers mots me revenaient sans cesse : « Tu la retrouveras, même si je dois donner ma vie, j'en fais le serment. » Voilà pourquoi je hais les serments.

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