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La Bande Du Quaggan de Jade

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La Bande Du Quaggan de Jade
Archives
18 décembre 2015

Bienvenue sur notre site =)

 

Et merci de votre visite !

logo quaggan

 

Les quaggans sont heureux de vous faire partager leurs petites histoires basées sur l'univers du jeu vidéo "Guild Wars 2". 

Nous avons la chance de compter dans notre groupe, un petit nombre d'auteurs amateurs. Chacun d'entre eux a écrit l'histoire du héros qu'il incarne dans le jeu, telle qu'il l'imagine. Bien évidemment, la plupart des personnages intervenant dans ces différentes histoires sont les héros des autres membres de La Bande Du Quaggan De Jade. Et bien entendu, chaque personnage fictif trouve sa personnalité, son caractère, ses réactions ou encore ses répliques dans son créateur, qui lui, est bien réel.

 

Vous trouverez dans ces histoires ce qui caractèrise notre guilde et nos relations : de l'amour, beaucoup d'amitié, un soupson de sexe (et oui, on va pas se voiler la face, on est tous un peu porté sur la chose, certains plus que d'autres... ), et un peu de mort (ouais, on est des gens sombres, toussa toussa).

 

Bref, nous espèrons que vous prendrez autant de plaisir à nous lire que nous en avons pris à écrire ces histoires.

 

Bonne lecture =)

Elo

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13 août 2016

Le combat de sa vie

Romain ouvrit les yeux et fut immédiatement envahit par une sensation de bien-être, comme chaque matin depuis qu’il avait rejoint le quartier général de La Bande du Quaggan de Jade. Après leur périple dans la grotte des Congères d’Antreneige, Illusio et les autres avaient invité le jeune asura à rentrer avec eux à l’Arche du Lion et lui avaient attribué une petite chambre dans leur immense demeure afin qu’il puisse reprendre des forces. Dès le lendemain de son arrivé, Illusio l’avait rejoint dans sa chambre et avait pris le temps d’expliquer à Romain quelles étaient les conditions pour qu’il rejoigne leur guilde. Le jeune asura se tourna sur le dos, plaça ses mains sous sa tête, et fixa le plafond en se remémorant les paroles qu’avait eu l’envouteur deux jours plus tôt.

-Tu as l’air d’avoir commencé à reprendre du poil de la bête !, lança le chef de guilde en entrant dans la chambre.

Romain sursauta en entendant sa voix derrière lui. Il se retourna immédiatement et salua révérencieusement le jeune humain.

- Oui Monsieur, acquiesça l’asura en se relevant.

Illusio regarda le petit être, un sourire amusé sur les lèvres.

- Détends-toi. Tu n’es pas forcé de t’incliner à chaque fois que tu me vois, bien que je ne serais pas contre si chacun des membres le faisait, dit-il en se frottant légèrement le menton avant qu’un nouveau sourire n’apparaisse sur son visage.

Le jeune envouteur ne sut dire pourquoi, mais ce petit asura l’amusait énormément. Son côté solennel et très respectueux lui donnait un petit air comique. << Il perdra vite ses manières une fois au contact des membres. >> se dit-il << Enfin, si il nous rejoint. >>.

- Je suis venu te parler de la guilde. Je n’ai malheureusement que peu de temps à t’accorder, mes obligations m’attendent. Je vais donc être direct quant aux règles que tu devras suivre si tu nous rejoins et aux responsabilités qui t’incomberont. Mais avant, une petite présentation s’impose.

Romain hocha légèrement la tête tandis que le jeune humain venait prendre place sur le lit de l’asura.

- J’ai créé cette guilde il y’a quelques années maintenant, et j’ai recruté chacun de ses membres moi-même. Ils se comptent au nombre de 20 maintenant. La guilde a un fonctionnement très facile à comprendre. Je suis le chef, je suis le seul à décider et la seule autorité de cette guilde. J’ordonne et j’attends de mes membres qu’ils exécutent, sans poser de questions. Bien sûr, ne crois pas que j’ordonne tout et n’importe quoi, mes décisions sont toujours mûrement réfléchies. Si tu nous rejoins, tu te verras attribuer régulièrement des missions. Ça peut aller d’une quête pour venir en aide à une personne qui nous l’aura demandé, à un simple accompagnement, ou encore à une mission d’ordre diplomatique. C’est moi qui répartis les missions, et je fais en sorte qu’elles varient pour tout le monde.

<< - J’attends de mes membres, un dévouement total à la guilde et à ses membres. On ne laisse personne derrière, qu’il soit blessé ou mort. Tu t’en rendras bien vite compte, mais nous sommes tous très proches, et je considère chacun d’entre eux comme mon frère ou ma sœur. Il n’y a chez nous, aucun jugement d’aucune sorte, des taquineries bien sûr, mais jamais de jugement. Nous sommes tous très différents les uns des autres, et même très différents de ce que certains appellent la ‘’normalité’’. Mais notre personnalité, nos choix, et nos actions font de chacun d’entre nous une personne unique. Et à mon sens, on ne

devrait jamais avoir à cacher la personne qu’on est réellement pour ne pas avoir à subir de railleries.

<< - Comme je te l’avais dit lors de notre voyage retour, chaque personne qui souhaite nous rejoindre doit passer un test. Ce test est adapté aux spécialisations de chacun. Dans ton cas, tu es ce qu’on appelle un gardien. Tu es doté d’une magie protectrice et défensive, et trois vertus guident ta profession : la justice, le courage et la résolution. Un des plus grands gardiens de Tyrie a dit un jour une phrase qui, pour moi, résume assez bien ta profession : << Je te protège. Ils devront d'abord me passer sur le corps ! >>

<< - Au vu de ta spécialisation, j’ai choisis de te faire affronter Gaenia. C’est une élémentaliste, elle maitrise à merveille les quatre éléments, et comme toi, elle a choisi de se spécialiser dans la magie de l’eau, la magie curative. Tu l’affronteras dans deux jours, d’ici là, je te conseille fortement de te reposer. Tu auras besoin de toutes tes forces pour nous montrer de quoi tu es capable. Surtout que Gaenia est l’une des meilleurs dans son domaine. Ça te parait clair ?

Romain hocha doucement la tête.

- As-tu des questions ?, demanda le jeune humain.

- Non, tout est clair pour moi, répondit l’asura.

- Bien, si tu souhaites toujours nous rejoindre, ton combat avec Gaenia se passera donc dans deux jours à l’aube. Rejoins le terrain d’entrainement, il aura été aménagé pour votre affrontement, dit Illusio en se levant. Et si tu décides après les explications que je t’ai données, que tu ne veux plus nous rejoindre, tu es libre de profiter de notre hospitalité jusqu’à ce que tu te sentes prêt à reprendre la route, ajouta-t-il en s’approchant de la porte.

- Je serais là, dans deux jours, dit Romain en souriant. Je vous remercie de m’avoir accordé du temps et de me laisser ma chance, ajouta-t-il en ramenant son poing serré contre sa poitrine en signe de remerciement.

- Je t’en prie. A toi de me montrer que je ne me suis pas trompé, répondit Illusio en sortant tandis que Romain hochait la tête.

 

Aujourd’hui, c’était le grand jour. Romain avait profité de ces deux derniers jours pour s’entrainer, et méditer. Il avait pu croiser certains des membres de la guilde et tous s’étaient  montrés très gentils à son égard. Une boule lui serrait le ventre, et cela faisait plusieurs heures déjà qu’il tournait en rond dans sa chambre. Il était à la fois très angoissé et à la fois très impatient à l’idée du défi qu’il allait relever.

Le jeune asura se leva de son lit et commença à enfiler sa lourde armure. Il passa son petit espadon dans son dos et après un dernier coup d’œil vers sa chambre, il sortit.

A peine avait-il refermé la porte, qu’une grosse voix se fit entendre derrière lui :

- Tiens, je venais justement te chercher !

- Dumblebear ! Comment vas-tu ?, lança Romain au grand norn.

- Je suis en pleine forme, et je te le dois ! Je me suis dit que tu ne serais pas contre un peu de compagnie pour rejoindre le terrain d’entrainement, répondit le norn en souriant.

Romain lui rendit son sourire en hochant légèrement la tête. En seulement quelques jours, Dumblebear et lui avaient commencé à tisser des liens d’amitié, et pour dire vrai, en dehors de l’attrait qu’il avait pour la guilde, Romain souhaitait remporter ce combat pour pouvoir rester près de son nouvel ami. Ils commencèrent à avancer, quand Romain remarqua le silence qui pesait dans le long couloir d’habitude très animé.

- C’est drôlement calme ce matin, s’exclama le jeune asura.

- Tout le monde est sur le terrain d’entrainement, répondit Dumblebear.

Romain s’arrêta un instant, et fixa le norn.

- Tout le monde ?!, demanda-t-il.

- Tout le monde, répondit le norn en hochant la tête.

Il fit une courte pause, pour se retourner et regarder l’asura qui n’avait pas bougé, puis reprit :

- Tu as fait grande sensation depuis que tu es là, les gens t’apprécient, ils veulent voir tes capacités. Sans compter que, et je suis désolé de te le dire, Gaenia est certainement la meilleure élémentaliste que je connaisse, ce combat promet d’être épique !

Romain reprit lentement son chemin, en réfléchissant. Voyant que son ami gardait le silence, Dumblebear essaya de le rassurer :

- Mais tu es très fort aussi, Romain. Et je crois sincèrement que si quelqu’un peut tenir tête à Gaenia, c’est bien toi. Tu sais, tout le monde était impressionné du travail que tu as fait sur moi dans la grotte, et ils ont vraiment hâte de te voir en action. Et puis, c’est bon signe que tu aies un aussi grand public !

Ils arrivèrent à la grande porte de sortie qui mène au terrain d’entrainement, et bien que prévenu, Romain fut impressionné de voir autant de personnes rassemblés à côté du terrain. La guilde tout entière s’était entassée tout autour des barrières qui délimitaient l’endroit où le jeune asura affronterait l’élémentaliste. Illusio avait pris place sur un grand siège et il attendait patiemment que le combat commence en se frottant le menton. Sur sa gauche, se tenait Glou-Glou, l’homme plante à l’allure si originale. Et sur la droite d’Illusio se tenait Shaya, une grande Charr que Romain avait rencontré le jour de son arrivée. A quelques mètres d’eux, le jeune asura remarqua une silhouette qui s’était un peu éloignée de la foule.

Gaenia avait passé sa belle armure brillante, et sa chevelure bleue pendait nonchalamment sur son épaule droite. Sur son côté droit, un sceptre magnifique siégeait à sa ceinture. La tête du sceptre avait la forme du globe terrestre, et tout autour, voletait de petites boules représentant les autres planètes découvertes par les asuras quelques années plus tôt. Sur son côté gauche, la jeune élémentaliste avait passé à sa ceinture une superbe dague qui brillait tout autant que sa belle armure.

La jeune femme jouait nerveusement avec ce qui semblait être une boule de neige. Romain n’en était pas sûr car ils étaient en plein été et la température ambiante était déjà relativement élevée.

Romain sentit une grosse main enserrer sa petite épaule, et il tourna la tête vers Dumblebear.

- Je dois te laisser là, p’tit gars ! , lui dit le grand Norn. Ne t’en fais pas, je crois en toi, donne ton maximum et montre leur ce que tu vaux !

- Merci Dumble, lui répondit le petit asura en lui serrant la main.

Romain passa une dernière fois son armure en revue avant de s’approcher du grand fauteuil occupé par le maitre de guilde. Il s’inclina légèrement devant ce dernier et se releva quand Illusio lui fit signe.

- Romain ! Comment te sens-tu ?, lui demanda le jeune envouteur en souriant.

- Je vais très bien, je suis prêt à relever un défi, lui répondit l’asura en en lui rendant son sourire.

- Tant mieux, car tu en as un sacré à relever aujourd’hui. Tu peux choisir deux sets d’arme pour ce combat, lui dit Illusio en lui montrant un râtelier d’arme un peu plus loin.

Le jeune asura hocha la tête et s’approcha du râtelier. Il passa sa main dans son dos afin de toucher le pommeau de son petit espadon, puis il effleura le pommeau d’une épée, se disant que ce serait un bon second choix. Sa main continua néanmoins à survoler les autres types d’armes présentes avant de s’arrêter sur un bouclier portant l’emblème de la guilde, trois quaggans différents sur une pierre de jade. Romain le prit en main, le soupesant, parant quelques coups invisibles pour se rendre compte de la maniabilité du bouclier. Cette arme serait parfaite pour le protéger des différents projectiles que l’élémentaliste était en mesure de produire. Il passa l’écu dans son dos, et se remit à la recherche d’une arme. En effet, l’espadon étant une arme à deux mains, Romain avait besoin d’une arme offensive qui complèterait son set avec l’arme défensive qu’était le bouclier. Il s’arrêta à hauteur d’un petit sceptre très simple, et comme pour le bouclier quelques instant plus tôt, le soupesa et en fit surgir quelques boules d’énergie. Visiblement heureux de sa trouvaille, il passa le petit sceptre à la ceinture, et se retourna en direction d’Illusio.

- Tu es prêt ?, lui demanda le jeune humain.

Romain lui répondit d’un hochement de tête. Le chef de guilde leva les yeux vers Gaenia qui hocha la tête à son tour.

- Bien, je vais vous demander de prendre place dans l’arène et de patienter quelques instants afin de laisser le temps à Horus de créer une barrière magique pour nous protéger de vos attaques.

Romain et Gaenia entrèrent dans l’arène et se placèrent côte à côte en face d’Illusio. Ils regardèrent un jeune charr à crête bleue prendre place à quelques mètres d’eux et lever son bâton en murmurant des sorts. Une sorte d’immense dôme légèrement bleu apparut au-dessus d’eux, les séparant du reste de la guilde. Le jeune asura inspira un grand coup, et il sentit une main se poser sur son épaule.

- Ne t’inquiète pas mon p’tit chou, je ne vais pas y aller trop fort, lui lança Gaenia en souriant.

Romain lui rendit son sourire et lui répondit :

- Non, fais toi plaisir, je ne vais pas retenir mes coups.

Les sourcils de l’élémentaliste se haussèrent et elle lui lança  dans un sourire carnassier :

- Ah, enfin quelqu’un qui m’offre un combat intéressant !

Le sourire du jeune asura s’agrandit d’un coup, et son attention se reporta sur le chef de guilde qui s’était levé.

- Bien, mes amis, voici le moment où notre nouvelle recrue nous montre si elle est capable de faire officiellement parti de nos rangs ! Gaenia, Romain, bonne chance à vous deux ! Hé Gaga, ne l’abime pas trop s’il-te-plait, ajouta-t-il en souriant, ce qui provoqua une vague de rire dans l’assemblée.

Romain se tourna vers la jeune femme et lui tendit la main qu’elle serra vivement.

- Bonne chance Gaenia, lui dit-il en souriant.

- Merci, bonne chance à toi mon p’tit chat, lui répondit la jeune élémentaliste avec un clin d’œil.

Ils se séparèrent sur ces mots, chacun allant à l’opposé de l’autre. Romain passa sa main dans son dos et dégaina son petit espadon. Ils se tournèrent autour durant quelques minutes, patientant pour trouver une brèche et attaquer. Le petit asura vit le pied de Gaenia buter contre une petite pierre et profita de la distraction pour attaquer. Il courut vers elle et abattit son espadon avec force sur la jeune femme. L’arme se planta dans un petit mur de terre qui avait apparu à la place de l’élémentaliste. La jeune femme qui se trouvait derrière la barrière de terre fit apparaitre un petit globe de feu entre ses mains et le lança sur le mur qui explosa en mille morceaux, projetant Romain à plusieurs mètres de là.

Le jeune asura roula sur lui-même et se releva immédiatement. Il évalua rapidement ses blessures et en dehors d’un léger mal de tête, il s’en sortait bien. Il balaya le sol des yeux à la recherche de son espadon quand il releva la tête et esquiva de peu une boule de feu qui menaçait de lui exploser au visage. Oubliant son espadon, il passa une main dans le dos et prit son bouclier juste à temps pour arrêter une seconde boule de feu. Il s’agenouilla derrière son écu et attendit quelques secondes avant de relever la tête pour voir l’élémentaliste qui s’avançait vers lui tout en continuant à lui lancer des sphères enflammées. Romain décida qu’il devait absolument agir avant d’être pris au piège sous l’assaut de la jeune femme. Il se concentra un instant, jeta un dernier coup d’œil à l’endroit où se trouvait Gaenia, et murmura quelques mots en faisant un geste de la main, faisant apparaitre un mur bleuté devant la jeune femme, lui renvoyant ses projectiles. Il releva la tête assez rapidement pour voir l’expression de surprise apparaitre sur le visage de la jeune élémentaliste rapidement suivie par une expression de douleur lorsque l’une des boules de feu qu’elle avait auparavant lancé vint s’éclater contre son épaule.

Un petit sourire éclaira le visage de Romain, heureux d’avoir été le premier à blesser l’autre. Il profita de la distraction pour récupérer son espadon et pour remettre le bouclier dans son dos. Gaenia avait arrêté de lancer des boules de feu afin de soigner son épaule brulée. Une main sur son membre blessé laissait apparaitre une légère lumière bleue pendant que les tissus de chair se ressoudaient. Romain profita de la voir occupé pour lancer un nouvel assaut. Il se jeta sur elle, espadon à la main et écrasa ce dernier sur le sol, créant un cercle de flammes bleues qui entouraient la jeune femme. Le jeune asura continua son attaque en balançant son espadon afin de taillader les jambes de la jeune élémentaliste. Cette dernière esquiva les premiers coups avant de parer les autres à l’aide de sa dague. D’une main, elle fit apparaitre une vague d’eau qui éteignit les flammes et mouilla Romain, ce dernier comprit rapidement quelle serait la prochaine attaque de l’élémentaliste mais c’était déjà trop tard. Il ne put esquiver à temps la vague de froid qui vint transformer l’eau qui entourait ses jambes en glace. Il se retrouvait bloqué dans la glace jusqu’à la taille. Gaenia se recula, le laissant se débattre inutilement pendant qu’elle finissait de soigner la plaie qui meurtrissait son épaule.

Romain réfléchit rapidement aux possibilités qui lui restaient. Il abattit de toutes ses forces son espadon sur la glace, faisant voler des éclats gelés tout autour de lui. Un mouvement devant lui le fit lever les yeux, et il vit la jeune femme préparer une énorme boule de feu. Le petit asura lâcha son espadon pour se saisir de son bouclier et le planta devant lui dans le bloc de glace pile au moment où le projectile enflammé arrivait sur lui. Le choc entre la protection de métal et la sphère de feu fut rude. Le jeune gardien sentit son bouclier reculer sur le bloc de glace et ses bras accusaient le choc en lui faisant sentir de légers fourmillements. Il releva la tête et fut stupéfait de voir la jeune élémentaliste le regardait avec un air de défi.

- Bien, on va devoir passer aux choses sérieuses on dirait !, lui lança-t-elle.

Romain la vit s’élever dans les airs lentement, elle récitait des enchantements tandis que sa peau prenait feu lentement. Le jeune asura plissa les yeux lorsqu’il vit de petites flammes lécher la peau de la jeune femme, et fut bouche bée quand il vit qu’elles grandissaient de plus en plus. Rapidement, la silhouette de Gaenia ne fut plus visible, on ne pouvait désormais plus qu’y voir une torche humaine. Sentant qu’une attaque puissante se préparait, le petit gardien se mit à frapper frénétiquement la glace de son bouclier. Cette dernière lui renvoya le reflet d’un énorme objet enflammé au-dessus de sa tête. Romain leva vivement la tête et vit qu’une sorte de stalactite de pierre et de feu s’apprêtait à s’écraser sur lui. Il empoigna son bouclier de toutes ses forces et le leva au-dessus de sa tête afin de se protéger.

La puissance du choc fit éclater le bloc de glace, projetant d’énormes éclats gelés tout autour d’eux, une grande partie furent arrêtés par la barrière magique d’Horus avant de blesser le public. Un murmure s’éleva dans l’assistance alors qu’une fumée épaisse empêchait de voir ce qui se passait sur le terrain d’entrainement. Illusio s’était levé de son siège et la plupart du public s’était mis sur la pointe des pieds. La fumée se dissipa peu à peu, laissant apparaitre au milieu du terrain, une petite bulle bleue entourant un tout aussi petit asura, genou à terre et bouclier au-dessus de lui. Des applaudissements et des cris commencèrent à s’élever dans la foule alors que la bulle bleue disparaissait et que Romain se relevait doucement. Gaenia redescendit sur le sol alors que les flammes qui l’entouraient s’étaient éteintes. Le petit asura remit son bouclier dans son dos et avança lentement afin de récupérer son espadon qui avait volé à plusieurs mètres de lui dans l’attaque.

Le silence se fit autour d’eux et la tension monta d’un cran. Romain et Gaenia se retrouvait à nouveau l’un face à l’autre, espadon à la main pour l’un et dague pour l’autre. Le jeune asura sourit et lança :

- C’était plutôt pas mal, à moi de te montrer ce que je sais faire maintenant.

La jeune élémentaliste sourit à ses paroles et lui répondit :

- Vas-y mon p’tit chou, je t’attends.

Romain se jeta sur elle et commença alors un combat dague et sceptre contre espadon. Ni l’un ni l’autre n’arrivèrent à se blesser. Grâce à un pas de recul et à une pirouette maitrisée, le jeune asura réussit à passer derrière la jeune femme. D’un coup d’espadon dans ses jambes, il la fit se mettre à genoux. Il prit la tête de la jeune femme d’une main et de l’autre, et il plaça son espadon sous sa gorge. Ils restèrent quelques secondes dans cette position, haletants, avant que le petit gardien s’exclame :

- Je crois que j’ai gagné.

- Je ne crois pas, non.

Romain fut soulevé de terre par un énorme élémentaire de pierre que la jeune élémentaliste avait fait apparaitre derrière lui. Le monstre de pierre le tenait par l’arrière de son armure, il le retourna et le jeune asura se mit à lui frapper frénétiquement la tête pour que l’élémentaire le lâche. Derrière lui, Gaenia essayait désespérément de se relever, alors que le sang qui coulait le long de ses mollets lui indiquait que le jeune asura l’avait gravement entaillé. Elle invoqua une vague d’eau qui se transforma en un petit tourbillon qui la souleva dans les airs. L’eau curative soignait ses blessures alors que le jeune gardien continuait à lutter avec le colosse rocheux. Il frappait la tête de toutes ses forces avec son espadon, tentant de le décapiter. Le golem de pierre recula légèrement l’asura et lui asséna un énorme coup de poing, le faisant voler à plusieurs mètres de lui, et se désintégra. En effet, Gaenia dépensait déjà beaucoup d’énergie à se soigner, elle ne pouvait pas continuait à garder le golem en vie.

Romain reprit difficilement connaissance. Il était allongé sur le dos, et son corps tout entier lui faisait mal. Il avait l’impression que sa tête allait littéralement éclater, et des étoiles dansaient devant ses yeux. Mais le pire était la douleur fulgurante qui lui broyait le torse et l’impression d’être écrasé. Il releva lentement la tête pour regarder son torse, et une fois les vertiges passés, il se rendit compte que son armure était complètement enfoncée à l’endroit où l’élémentaire l’avait frappé. Une nausée le frappa, et le goût du sang était très prononcé dans sa bouche. Il avait beaucoup de mal à respirer et il soupçonnait avoir quelques côtes cassées. Il tendit la main et attrapa son espadon, il passa la lame sous son plastron et en coupa les lanières, libérant son torse de la pression. Il inspira de petites goulées d’air en grimaçant, et tourna légèrement la tête sur le côté pour voir que le tourbillon de Gaenia perdait de l’allure, signifiant qu’elle allait bientôt avoir fini de se soigner. Le petit asura évalua rapidement ses blessures : certainement une commotion cérébrale, au moins deux côtes cassées, une épaule démise et deux doigts complètement tordus. Il se mit à réciter un sort pour réparer ses côtes afin de pouvoir à nouveau respirer. Le sortilège lui couta une bonne partie de son énergie, et lorsque ses côtes se ressoudèrent, le jeune gardien dût serrer les dents le plus fort possible afin de supporter la douleur. Il inspira un grand coup, heureux de sentir ses poumons se remplir d’air. Il essaya de s’asseoir quand un violent vertige le prit et il rendit la totalité de son petit déjeuner. S’essuyant la bouche d’un revers de manche, il s’appuya sur son seul bras valide et se releva comme il put.

Gaenia redescendait de son tourbillon, et Romain remarqua qu’elle n’avait pas pu soigner l’éraflure qu’il lui avait faite alors que son espadon menaçait sa gorge. Le petit asura sourit à cette observation car ça voulait dire que la jeune élémentaliste avait préféré utiliser son énergie pour soigner les blessures les plus graves pour l’économiser. Au moins, ils étaient tous les deux à bout de force. Le jeune gardien réfléchit un instant, et il sut qu’il devait trouver un moyen d’occuper la jeune femme le temps qu’il puisse soigner le reste de ses blessures. D’un signe de main, il fit apparaitre un arc et un marteau bleus et translucides. Les armes s’élevèrent d’elles même dans les airs et d’un signe de tête, Romain leur ordonna d’attaquer la jeune femme. Le jeune asura profita de cette distraction pour reculer et aller s’assoir un peu plus loin. Il savait qu’il devrait absolument économiser son énergie s’il voulait s’en sortir. Il décida de remettre son épaule et ses doigts sans l’aide de la magie, pour cela, de sa main valide il prit ses doigts retournés et tira sur chacun d’entre eux tandis que des cris s’échappèrent de sa gorge. Il inspira un grand coup, reprenant lentement son souffle. Puis, il ramena les jambes vers sa poitrine et entrelaça ses doigts en avant de ses genoux, et il commença à se pencher lentement en arrière jusqu’à ce qu’il sente un craquement signifiant que son épaule était à nouveau à sa place. Bien sûr, il avait toujours mal, mais moins qu’avant. Il se rassit en tailleur et se tortilla pour enlever son harnois qui le gênait plus qu’autre chose. Il ferma les yeux quand une migraine horrible prit place à l’intérieur de son crâne. Après quelques secondes à respirer, il se releva et prit son sceptre en main, décidant qu’il serait plus facile à manier d’une main que son espadon.

En arrière, Gaenia se débattait avec les armes esprits que Romain avait invoqués. Elle avait fait disparaitre l’arc d’une boule de feu bien placée après que ce dernier ait réussi à lui planter une flèche dans la cuisse. Et elle était sur le point de détruire le marteau en le gelant. Lorsque ce fut fait, elle se retourna et retira la flèche de sa cuisse en tirant un grand coup dessus. Elle se tourna en boitant et se retrouva face à Romain. Ils étaient tous les deux à bout de souffle et dans un sale état, mais ils voulaient tous les deux gagner ce combat et ils ne s’arrêteraient que lorsque ce serait fait. Le combat reprit encore plus férocement, des boules d’énergies volant d’un côté à l’autre du terrain. Des coups de dagues sectionnant des chairs, le feu brulant les peaux, la glace gelant tout sur son passage. L’affrontement dura une journée entière et quand Illusio se leva pour y mettre fin, les deux combattants étaient dans un piteux état. Gaenia avait une plaie énorme à la jambe qui saignait abondamment résultant d’une rencontre avec une boule d’énergie de Romain. Son visage était aussi plein d’écorchures en tout genre, de marques de brûlures et autres hématomes. Elle tenait son bras droit contre sa poitrine, ce dernier étant cassé au niveau du radius. Romain, lui, boitait et souffrait toujours de sa commotion cérébrale en plus du morceau de glace fiché dans son épaule. Il soupçonnait sa cheville d’être tordue ainsi que son poignet d’être cassé. Il avait un air effrayant car l’une de ses oreilles pendait lamentablement, à peine retenue par un lambeau de chair. Du sang lui coulait sur le visage, s’échappant d’une entaille faite sur le haut de sa tête, et il était sûr qu’au moment où il retirerait sa cotte de maille, il verrait que son corps était entièrement recouvert d’hématomes.

Illusio s’approcha d’eux et prit la parole alors que la foule gardait le silence.

- Mes amis, je crois que je viens d’assister au combat le plus épique de toute ma vie ! Vous vous êtes tous les deux bien battus et je suis sûr que si je ne vous avais pas arrêté, vous auriez continué jusqu’à mourir d’épuisement.

Il fit une pause pendant que la foule les applaudissait.

- .Gaenia, tu es définitivement la meilleure élémentaliste que cette guilde n’ait jamais pu compter dans ses rangs ! Et Romain, c’était un beau combat, bienvenue chez nous !

Les cris de la foule redoublèrent à ces mots, et Romain et Gaenia furent tout à coup soulevé dans les airs par les guildeux. D’un coup, toute la souffrance et toutes ces heures de douleurs étaient oubliées. Le jeune asura se mit à rire et à pleurer de joie. Durant tout le combat, il avait tenu pour ce moment précis. Le moment où il intègrerait la guilde, la famille qu’il avait toujours voulu avoir. Gaenia et lui furent reposés au sol où ils reçurent les félicitations de la totalité des membres, et Illusio leur ordonna d’aller se faire soigner immédiatement avant de rejoindre la guilde pour partager le repas festif qui leur avait été préparé.

 

Romain et Gaenia étaient allongés sur deux lits opposés. Ils avaient été amenés à l’infirmerie tout de suite après qu’Illusio leur ait ordonné de se faire soigner et ils venaient de subir plus d’une heure de soins magiques qui leur avaient arrachés des cris de douleurs à plusieurs reprises. Ils reprenaient des forces, le silence seulement rompu par le bruit de leurs respirations.

- Tu sais mon p’tit chou, pour un tout petit bonhomme comme toi, tu en as dans le ventre, lança Gaenia.

- Merci, tu n’es pas mal non plus, répondit Romain en souriant.

La jeune femme se mit à rire.

- Merci ! C’est le meilleur combat que j’ai eu à mener depuis bien longtemps… Je suis vraiment heureuse d’avoir pu combattre contre toi, et je suis encore plus heureuse de savoir que tu as rejoint notre petite famille.

Romain sourit et senti un sanglot monter dans sa gorge. Certes, il était très fatigué de sa journée à combattre et ses membres courbaturés le faisaient souffrir, mais entendre ses mots de la part d’une élémentaliste aussi douée que Gaenia

Les cris de la foule redoublèrent à ces mots, et Romain et Gaenia furent tout à coup soulevé dans les airs par les guildeux. D’un coup, toute la souffrance et toutes ces heures de douleurs étaient oubliées. Le jeune asura se mit à rire et à pleurer de joie. Durant tout le combat, il avait tenu pour ce moment précis. Le moment où il intègrerait la guilde, la famille qu’il avait toujours voulu avoir. Gaenia et lui furent reposés au sol où ils reçurent les félicitations de la totalité des membres, et Illusio leur ordonna d’aller se faire soigner immédiatement avant de rejoindre la guilde pour partager le repas festif qui leur avait été préparé.

 

Romain et Gaenia étaient allongés sur deux lits opposés. Ils avaient été amenés à l’infirmerie tout de suite après qu’Illusio leur ait ordonné de se faire soigner et ils venaient de subir plus d’une heure de soins magiques qui leur avaient arrachés des cris de douleurs à plusieurs reprises. Ils reprenaient des forces, le silence seulement rompu par le bruit de leurs respirations.

- Tu sais mon p’tit chou, pour un tout petit bonhomme comme toi, tu en as dans le ventre, lança Gaenia.

- Merci, tu n’es pas mal non plus, répondit Romain en souriant.

La jeune femme se mit à rire.

- Merci ! C’est le meilleur combat que j’ai eu à mener depuis bien longtemps… Je suis vraiment heureuse d’avoir pu combattre contre toi, et je suis encore plus heureuse de savoir que tu as rejoint notre petite famille.

Romain sourit et senti un sanglot monter dans sa gorge. Certes, il était très fatigué de sa journée à combattre et ses membres courbaturés le faisaient souffrir, mais entendre ses mots de la part d’une élémentaliste aussi douée que Gaenia le rendit fier de lui. Et à partir de ce moment précis, il sut que la jeune femme et lui deviendrait très rapidement amis, et qu’il en serait certainement de même pour chaque membre de la guilde. Même avec le sylvari excentrique qui passait son temps à préparer des gésiers de moa confits.

18 décembre 2015

Un douloureux passé

La vue était imprenable : des rivières enflammées, des roches volcaniques … Cette odeur de poudre à canon si exquise à mes naseaux … Dommage que notre mission nous empêchait de nous reposer quelques instants.

            Les va-et-vient continues des troupes ennemis n'avaient rien d'extraordinaire, pourtant nous savions que le transport de toutes ces marchandises vers la Citadelle de la Flamme n'était pas anodin : la Légion de la Flamme préparait quelque chose …

            Les ordres du Tribun Brimstone avait été très clair : « Les agissements de la Légion de la Flamme sont, pour moi, trop suspect. J'ai besoin qu'une équipe restreinte observe leurs déplacements afin d'en connaître leurs raisons. Légionnaire Brumefeu ! Tu conduiras ta troupe vers la Citadelle de la Flamme afin d'espionner nos ennemis : découvre leurs agissements et dans la mesure du possible : tâche de ralentir leurs progressions, une approche subtile serait fortement conseillé … Mais si un bain de sang ne peut être évité ... »

            Ces paroles résonnaient encore dans ma tête. Grâce à Reeva et son Fusil de Précision, nous pouvions observer le contenu des caissons sans inconvénient. Mais c'est ce dernier caisson, brillant d'une étrange lueur rougeâtre qui m'interpella. D'un coup d'épaule, je poussas ma Chère Camarade afin d'y voir de plus près : Une caisse plus grande que notre imposant Guerrier Viventaille, ce qui n'était pas rien. Et vu la Garde qui se trouvait autour, tout portait à croire que cette boîte était d'une importance capitale !

            Hélas, mon insouciance combiné à ma jeunesse fut notre perte … Prenant mon courage à deux mains, je regardas ma troupe tout en élaborant un simulacre de plan, je pris la parole, en essayant de ne pas hurler comme à mon habitude :

 

« Camarades, vous avez sûrement ressentis la même chose que moi à la vue de ce container : son contenu est très important pour Feu-de-Bael. Je ne permettrais pas qu'il arrive entre ces mains. Vous êtes avec moi ? »

Le regard de mes amis témoignait de leur volonté de me suivre : ils me faisaient confiance, et j'espérais ne pas les décevoir, apparemment je n'avais pas espérer assez fort … Remontant mon foulard afin de couvrir mes crocs, j’exposai mon plan à ces valeureux soldats.

            La troupe de contact, composé de moi, d'Euryale l'élémentaliste adepte de l'Air et de Viventaille, un prodige en matière de furtivité, devait intercepter le colis en détournant le convoi avant d'arriver au Pont. Ainsi isoler, les Gardes seraient plus facilement maîtrisables. Leur marge d'action était minime, ils devaient faire vite.

            Heureusement, nous avions troqué nos armures contre des tenues noires, beaucoup plus discrète dans ce terrain volcanique, et plus légère que nos traditionnelles plaques. Euryale quant à elle était vêtue d'une robe de Mage ce qui facilitait ces déplacements. Viventaille tenait son épée à la taille afin d'éviter d'entendre le tintement de la Lame contre son baudrier. Dans mon rôle de Gardien, j'avais pris mon Bâton de Feu, qui me permettait d'utiliser mes Pouvoirs de Lumière afin de galvaniser mes alliés. La jeune Charr avait emporté ses traditionnelles Dagues de Légionnaire, dernier vestige de son défunt Père mort au Combat.

            Nous dévalions la pente Nord de la Pointe, dissimuler par la Crête de la colline. Reeva et Maverick avaient pour mission de nous couvrir depuis les hauteurs grâce à leurs fusils. Avant d'arriver au bas de la colline, j'entendis le Voleur Charr psalmodier quelques paroles, je ne vis aucun changement mais je devinais, après avoir vu un Dévoreur regarder dans notre direction sans broncher d'une demi-griffe, que notre camarade avait incanté un sort d'invisibilité. Heureusement pour moi, mon épaisse chevelure aérienne aurait fait tâche dans le paysage. Arrivant à environ 400 mètres de notre cible, nous ralentîmes la cadence, afin d'éviter le moindre bruit.

–        « Essayons d'attirer le moins possible l'attention des chamanes situés à l'avant » dit Euryale « Occupons nous de l'arrière garde et pillons la marchandise le plus rapidement possible, Viventaille nous assurera une couverture non négligeable »

 

            Euryale avait le don de me réconforter, elle savait que mon expérience en tant que Chef de Troupe n'était que très peu développer, et je n'étais pas reconnu pour mon courage dans la Légion, pourtant c'était moi que Rytlock avait choisi pour commander mes

camarades.

            Viventaille hocha la tête, signe qu'il acquiesçait l'idée de notre Partenaire. Et il n'accordait pas facilement sa confiance, c'était souvent bon signe s'il était pour quelque chose, ici ça ne l'était pas …

            Tout se déroula pour le mieux : Viventaille et moi avions neutralisé aisément les gardes situés derrière la carriole. Euryale avait coupé les sangles qui retenaient l'arrière du caisson d'une lame d'air dont elle avait le secret. Courant toujours derrière la charrette, j'analysais son contenu : Un Cristal de la Fournaise. Un objet magique très puissant mais surtout très instable, le moindre choc pourrait raser un champ de Bataille entier, et il avait déjà fait ses preuves. Elle était enfermée dans une Boîte de Verre, retenue à l'intérieur par des sangles. Voler cet objet s'avérait donc plus compliqué que je ne pensais. Je décidas donc de récupérer la Boîte moi-même.

            Le convoi allait atteindre le Pont dans quelques minutes, où nous serions trop exposés, je devais faire vite ! Je me rapprochas le plus possible de la charrette, d'un coup de queue, j’attrapais la boîte posé sur son socle. Pour mes frères ce n'était pas grand chose, mais pour moi qui avait 2 pattes gauches, c'était un exploit !

            Mes amis étaient surpris, ce qui me poussa à lever les bras au ciel, mais j'avais un mauvais timing … En me retournant je vis notre Viventaille exténué car il entretenait son sort depuis déjà un long moment, il tomba à genoux et je vis comme une brise d'air passé sur les fourrures de mes amis, signe que le sort s'était dissipé.

            Je n'eus que le temps de donner la boîte à Euryale, que déjà un Sentinelle hurla : « DES INTRUS !!! ILS ONT VOLES LE CRISTAL !!! ». Nous n'avions que très peu de temps avant d'être submergés, j'entendis les chaînes de la Porte de la Citadelle se mettre en marche afin de la soulever.

            Je réfléchissais à 100 à l'heure : Que devais-je faire ? Mettre le Cristal en lieu sûr, Protéger mes camarades. Je vis le regard affolé d'Euryale, j'arrivais à lire sa peur, je ne devais pas céder à la panique.

–        « Euryale, cours ! Mets le Cristal en lieu sûr, ramène le à la Citadelle Noire ! »

–        « Je ne pars pas sans vous, c'est hors de question ! »

« Ne discute pas, tu sais très bien que ça sera difficile de s'en sortir indemne, mes Pouvoirs nous protégerons moi et

–        Viventaille, je pourrais les maintenir plus longtemps si j'ai moins de personnes à protéger ! »

–        « Non je ne pars pas ! »

–        « C'EST UN ORDRE SOLDAT ! »

 

J'avais mis le peu d'autorité que j'avais dans ces paroles, pourtant elles eurent l'effet escompté : Euryale, surprise, hocha la tête avec détermination. Mais ce qu'elle fit me déstabilisa quelque peu : elle posa sa patte sur ma joue et me regarda avec une lueur de fierté :

 

–        « Malgré ton esprit lubrique, tu peux faire preuve de courage, ne m'abandonne pas Gros Ours. »

 

Puis elle s'enfuit après s'être enchanté d'un Courant d'Air, ce qui la rendit plus rapide. Entre temps, Viventaille s'était agenouillé et s'appuyait sur son épée. Il me regarda d'un air déterminé et me dit :

 

–        « Tu la retrouveras, même si je dois donner ma vie, j'en fais le serment. »

 

Je n'ai jamais aimé les serments, et celui-là sonnait avec un air de prédiction …

            Un premier groupe arriva à notre portée mais ils furent fauchés d'un coup, sans explication. Mais les trous dans leurs armures montraient bien le talent de nos tireurs d'élites. « Une balle, un mort » la devise de nos franc-tireurs. Ici c'était « Une balle, six morts ». Prenant mon Bâton accroché dans mon dos, j'entamais un sort qui rendit ce cher Viventaille plus puissant qu'il ne l'était.

            Se fondant dans les ombres, plusieurs soldats tombèrent raides morts. Repoussant mes adversaires avec des Vagues de Colère, le combat se passait relativement bien. Jusqu'au moment où un énorme « CLAC » se fit entendre comme un coup de tonnerre. Un boule de feu fondit sur les hauteurs où Reeva et Maverick étaient positionnés. L'explosion détruit le haut de la colline. Soudain, le monde autour ralentit : Rien ne se passerait bien : j'avais perdu deux de mes hommes en un instant. Ma fureur était à son sommet, rangeant

mon Bâton, je ramassis une épée au sol et commença à tailler mes ennemis avec une force surprenante.

            Mais je savais que je tiendrais pas assez longtemps, nous devions évacuer au plus vite ! Je vis Viventaille continuant de frapper nos ennemis mortellement. Je gardais un sort en réserve mais je devais me rapprocher au plus vite de lui. Mais les troupes ennemis commençaient à faire barrière entre nous.

            Je ferraillais comme une vraie tornade : trancher, taillader, découper, décapiter, planter, transpercer, tout s'enchaîna de manière naturelle, grâce à l'entraînement de la Légion. J'essayais de combattre ma peur, je ne pouvais abandonner Viventaille ! Soudain je me retrouvais dos à dos avec mon ami, la lame de l'épée en face de mon museau, ruisselant du sang de mes ennemis. Mettre ralenti me faisait trembler comme une feuille. Ma vue se brouillait. Mon poil était maculé d'un sang qui la rendit poisseuse.

            Je faiblissais tellement que je ne vis pas la lance fonçait vers moi. Mais je fus projeté sur le côté, trébuchant sur une pierre. Je n'eus le temps que d'entendre le râle de mon camarade qui avait donné sa vie pour moi. Faisant tourner depuis un moment les paroles de mon sort, à ma chute, elles sortirent seules de ma bouche, j'avais repéré un Dévoreur sur la Crête Sud de la Pointe d'Amadouat. Je me téléportais dessus dans une gerbe de flamme bleue. J'avais abandonné Viventaille à son propre sort. Il était mort par ma faute. Moi, Horus Brumefeu, nommé Légionnaire par le Tribun Brimstone, avait abandonné un équipier sur le champ de bataille. La colline était dévoré par les flammes des boules de feu. Jetant l'épée au sol, je pris mes pattes à mon cou, comme le Lâche que j'étais. Le visage de Viventaille se grava dans ma mémoire. Son râle s'éternisa dans mon esprit. Un enfant commandant une troupe ? Qui aurait permis ça ? Je n'avais aucun talent particulier, outre celui de me ridiculiser devant tout le monde.

            Je continuais ma course effrénée, essayant d'effacer de ma mémoire ces images atroces : l'explosion de la colline, le visage paralysé par la douleur de Viventaille, les cris de guerre de la Légion de la Flamme. Je sentais mes larmes coulait sur mon visage.

            Ma première pensée vient à Euryale. Elle avait fui afin de mettre le Cristal à l'abri. Je revoyais son visage me disant de ne pas l'abandonner, puis la fierté de son regard se mua en dégoût :

 

« Tu l'as abandonné ! Tu n'es qu'un lâche ! Un enfant qui ne connaît rien à l'Art de la Guerre, tu n'es rien Horus, RIEN ! »

Je me réveillas d'un bond de mon lit. Mes cauchemars devenaient plus vrais que nature. Nous étions en 1327 ApE. Un an déjà que j'avais laissé mourir mes camarades face à la Citadelle de la Flamme. Nos efforts eurent comme effet de démonter un complot visant à faire exploser la Citadelle Noire, mais j'avais perdu plus que des amis sur ce champ : j'avais perdu tout once de courage. Je cachais ma peur par mon esprit enfantin, souvent apprécié au début puis devenant fatiguant à la longue. Tout le monde me disait que j'avais fait de mon mieux, moi je n'avais qu'un mot pour me décrire : Lâche. Jamais son râle ne s'en ira.

            Ces derniers mots me revenaient sans cesse : « Tu la retrouveras, même si je dois donner ma vie, j'en fais le serment. » Voilà pourquoi je hais les serments.

18 décembre 2015

Souki 1ère partie

- Cher journal enregistreur de données pour la découverte et le Projet Scientifique Personnel pour la Validation du Génie (PSPVG) , je me nomme Souki de la lignée Zingdo La'r . Je suis la fille unique du conseiller Zik et de la golémancienne renommée Faki. Je suis actuellement en première année de validation du génie et on m'a demandé d'enregistrer toutes mes avancées et découvertes scientifiques sur ton cristal mémoire.

-Enregistrement des notes première semaine : 18/50 Arcanes des Elements Primaires ; 13/50 Physique et Mécanique Quantique ; 9/50 Maitrise de l'Espace-Temps et des Illusions.

-Enregistrement des notes seconde semaine : 23/50 Design Golémantique ; 11/50 Invocations. Okay, il semblerait que je sois naze dans à peu près tout.

-Enregistrement de la moyenne de la connaissance métaphysique coefficient 100 : 3/50. Rigole pas grille-pain démesuré ou je te désosse, compris ?

-enregistrement début DPSVG ; PARTIE 1 : trouver un projet. ............. Mouais .................huuuuuuuuuuuuuuuuum............Ouais non, j'ai pas encore d'idée. Arrête de rigoler ! Qui t'a filé cette carte cognitive boite de conserve ?! Moi j'ai rien demandé ! J'ai rien à faire là ! C'est mes  parents, ils ont payé le prix fort et graissé les oreilles du doyen pour que je sois inscrite dans cette foutue université ! Sinon je n'avais aucune chance d'y rentrer ...Une chance me direz-vous ? Et bah non ! Moi je préfère l'école buissonnière ! Me barrer en douce des cours, monter au sommet de Rata Sum pour observer le soleil et roupiller tranquille, caressée par une brise fraiche et reposante. Saboter les expériences de mes camarades en faisant exploser l'engrais expérimental de Tavia en plein dans sa face ! Ou en enregistrant un message venant "de l'espace " dans le golem récolteur d'indices de l'existence des OVNIs de Radek (...la tête qu'il a fait !). Partir à l'aventure, quoi!

-enregistrement de la note d’évaluation sur les Armes Conjurées : 21/100.                                                              De toute façon, je préfère les armes bien physiques ! Comme des espadons ! De bon gros espadons ! Je vais souvent au marché pour regarder les étalages des marchands qui viennent parfois de toute la Tyrie! C'est rare, hein ? Les asuras, ils sont assez racistes, ils n’aiment pas trop les gens différents... Surtout ceux qui ont des poils… Comme les Charrs ! Ou les Norns, ils sont bien poilus aussi ! Et les autres asuras les trouvent bêtes.... A croire que plus t'as de poil, plus t'es bête. Mais moi je les aime bien ! Ils ont toujours plein d'histoires! Des histoires pleines de bon gros espadons et de poils! Et de grosses bêtes! Comme des minotaures ou des arctodus géants ! Parfois il y a même des histoires avec de la gnole et des dragons ! C'est celles que je préfère, faut dire que ça à l'air bien flippant un dragon, surtout le Jojo l'asticot là! Celui dont tous les Norns parlent! Il pourrait prendre le contrôle de ton esprit, te corrompre et te transformer en couvregivre! Bref, ils ont plein d'histoires de familles brisées à cause de son influence néfaste, et de héros qui gravent leur nom dans la légende par leurs hauts-faits en le combattant! On chante leurs noms dans des chansons entrainantes que tout le monde reprend en cœur autour d'une bonne bière ! C'est bien mieux que de coller son nom en bas d'une fiche de projet réussi... Qu'est-ce qu'on en a à faire que t'ai inventé un golem qui fait la poule ou qui lustre les chiottes? Moi aussi je veux un bon gros espadon et taper dans la face d'un dragon ! Et qu'on chante mon nom lors des  beuveries d'Hoelbrack ! ...Bon, pour les poils va falloir que je fasse sans par contre… J'espère que ça va pas me pénaliser ! Au pire, je me collerais un peu de la moquette rose de ma chambre sous les bras avec la colle Koltou de Flax… Elle servira à quelque chose comme ça… Il va prendre la grosse tête par contre… Déjà qu'il a du mal à passer sa tête quand il veut rentrer dans le labo d'études...... Bon! On verra!

-Enregistrement des notes, 8ème semaine : ON S’EN FOUT! Faut avant tout que j'apprenne à me servir d'un bon gros espadon ! Mais pas que! Ça va pas me suffire, c'est sûr ! Et avec tous ces cours des Arcanes que je me suis tapé, j'ai quelques notions pour utiliser la magie qui palpite dans l'air de la Tyrie, même si je n'ai jamais été très douée. Je tape avec un bon gros espadon et j'utilise cette magie! Huuum, je crois que j'ai vu un bouquin de sorts qui permet de faire des boucliers et de se protéger! Je suis plutôt petite, ça pourra être utile si je dois m'approcher de grosses bêbêtes pas très pacifiques… En plus, ça peut aider des gens ! J'aime bien aider les gens ! Comme cette toute petite asurette qui porte un appareil parce qu'elle a les dents carrées d'un humain, et dont tout le monde se moque ! Bon c'est décidé, je vais m'entrainer ! Faut que je pique tous les bouquins de la bibliothèque sur le sujet ! Va me falloir une brouette… La tête que va faire l'érudite Patsy! Elle qui pense que je ne sais ni lire ni lacer mes chaussures ...D'un autre côté, j'ai pas de lacets à mes chaussures, c'est peut être ça qui m'a vendue.

- Bon, j'ai lu tous ces foutus bouquins. J'avoooouuuue, c'était intéressant ! Bien plus que la théorie sur les capacités cognitives des golems d'Oola. La preuve : j'ai tout lu en à peine une semaine ! Je suis sur la bonne voie ! En plus, tout le monde pense que j'étudie pour ce satané diplôme, alors ils me lâchent tous la grappe! Parfait! Même mes géniteurs me sourient… Ça c'est flippant par contre.

- Aujourd'hui, j'ai séché les cours pour aller au marché ! J’ai cassé ma tirelire à rouages pour me payer un bon gros espadon ! Il est tout bête et pas franchement équilibré pour moi, mais le Norn qui me l'a vendu m'a assuré que c'était le plus petit qu'il avait ! En plus, il m'a montré comment m'en servir et m'a filé un bouquin pour apprendre le maniement de base! J'ai essayé, c'est hyper simple! J'adore les choses hyper simples! Faudra que je teste en combinant avec la magie. Apparemment, cette combinaison, c'est les "Gardiens" qui l'utilisent ! Je vais être une gardienne! Souki la plus petite des gardiennes! Et la plus mignonne! (Mamie Polëte m'a toujours dis que j'étais très mignonne !) Les gardiens, ça protègent les gens, ça peut les soigner, ça encaisse tout et ça peut galvaniser tout un groupe! Faut beaucoup de charr-isme par contre… J'espère que ça n’a pas de rapport avec les poils sinon je suis fichue. C'est des combattants de la lumière! Ils utilisent la magie de la lumière, les ondes qui se déplacent dans les airs et le soleil. C'est la magie que je préfère ! Je veux vraiment faire ça !

-Et bhé! En fait je suis plutôt douée! Je m'entraine beaucoup aussi, j'ai jamais autant étudié et expérimenté auparavant. Fallait juste que je trouve "mon" truc! Mais mon "truc" ne plait pas à tout le monde. Je crois que la famille là, elle n’est pas trop contente… Ils ont compris que j'étudiais pas pour mon DPSVG ...ça ronflait dans la chaumière ! Et quand ils ont compris que je m'entrainais avec un espadon, alors là, c'était le flux d'énergie qui faisait pèter le catalyseur! Un asura avec un espadon : la honte de la famille! Nanani nanana! Une fille en plus! J'utilise une arme de barbare et de boucher! Manquerait plus que j'apprenne le maniement de la hache et que je devienne guerrière comme Xéna ! C’était une asurette avec des caches-tétons en métal, qui parcourait les champs de bataille avec une énorme hache, il y a de cela 2 siècles ! La grande classe! Une légende ! Même si elle est un peu considérée comme un croque-mitaine parmi nous :" fais tes devoirs ou tu finiras comme Xena !", " si tu sèches les cours, la dernière chose que tu verras c'est les caches-tétons de Xena qui viendra t'embarquer pour t'apprendre à manier une arme! » Pouah… Bref, interdiction de toucher à mon espadon ou toute autre "abomination métallique" et on me surveille de près… La poisse ! Je peux même plus aller voir les couchers de soleil! Ni même les levés! Rien! Nada!

- Bon, pas le choix, faut que j'étudie pour qu'ils me lâchent. Ça va être horrible… Mais je vais tenir! Faudra que je continue de m'entrainer discrètement, genre les petits exercices de manipulation de la lumière que j'avais vu dans ce tout petit bouquin. Oh ! Et le renforcement musculaire tous les soirs avant le dodo!

-Aàààààààààààààà l'aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaideeeeeeeeeuh ...........J’en peux plus de ces cours pleins de blabla théoriques, de ces mathématiques quantiques !!!!! Tous les autres y arrivent les doigts dans les oreilles et moi… Je lutte… Faut dire qu'ils ont toujours le nez collé dans leurs parchemins et le mien est collé à la fenêtre.

- Il faut vraiment que je trouve un projet, ça devient compliqué. Les autres avancent et moi j'ai rien ! Plus ça va et plus c'est l'enfer ! Rien ne m'intéresse à part manier mon espadon et la lumière... J'ai montré mes petites prouesses au professeur des Arcanes, il m'a bien ri au nez : "tu vas faire quoi avec ça ? Allumer les lampadaires de la ville?! L'énergie voltaïque luminescente est inutile comparée à la magie des éléments, l'art des illusions et la corruption nécrotique ! Blablabla ! " Je peux même pas me servir de ça pour trouver un projet. Je vais aller m'électrocuter avec mon golem ménager si ça continue.

- Bon, toujours pas de projet en vue, j'abandonne! Dès que je propose quelque chose, ils se foutent de mes oreilles! Et voilà qu'on me convoque encore et encore ! Professeurs, parents ! Et ça se fini toujours en dispute! Et je fini toujours par me réfugier au sommet de Rata Sum, où le soleil est plus brillant et plus chaud que partout ailleurs dans la ville. Et bien plus que dans ces laboratoires sinistres enfouis sous des tonnes de pavés arcaniques et de briques glyphiques dans lesquels tous mes compatriotes se prostrent toute la journée sans jamais attraper un rayon de soleil ! Bientôt, ils finiront comme ces créatures répugnantes et communistes qui vivent sous terre, les draguères ! Hé ! J'en ai lu des livres sur les bestioles de Tyrie ! Il faut bien s'occuper quand on est enfermée dans une bibliothèque durant 6h pour un cours de Découverte et Projet Scientifique Personnel pour la Validation du Génie, et qu'on en a strictement rien à faire ! Alors les draguères aussi je les connais ! Des espèces de rats myopes qui puent la vieille poubelle. Le problème de ces petites saloperies c'est qu’on ne peut pas les aveugler, elles voient déjà quasiment rien ! Pire encore que tata Jacquelinette ! A force de regarder dans son télescope Afleflou, elle a fini par en avoir besoin sur les yeux CONSTAMENT pour regarder ou elle va ! La pauvre, elle qui avait une vision d'aigle ...mais ça c'etait avant ! Bref ! Ils vont tous finir par avoir besoin de télescopes Afleflou, et ils se mettront à beugler "la collectivité aura raison de vous !" à tort et à travers ! Mais bon, c'est pas mon problème. Moi je vais me barrer ! Et je remettrais plus jamais le bout de mes oreilles dans un foutu laboratoire ! Ah ! Mais oui, voilà ! Je vais me barrer !

15 décembre 2015

Nathan Partie 2

Les grandes montagnes enneigées des Cimefroides s’élevaient au loin. Leurs sommets étaient invisibles, cachés par les nuages. Il était tôt, le soleil ne s’était pas encore levé et les gouttes de rosée s’écoulaient lentement des feuilles. La brume ambiante rendait cet endroit mystérieux.

Nathan était accroupi derrière un buisson, l’arc à la main. Il était habillé chaudement, un long manteau de fourrure noire le couvrait presque entièrement, seules dépassaient de grosses bottes de fourrure et des gants de cuir. Un masque de tissu lui couvrait le bas du visage. A chacune de ses respirations, une légère fumée blanche sortait de son masque.

A quelques mètres devant lui, se tenait une biche. Elle broutait tranquillement l’herbe à ses pieds. Nathan pris une flèche dans son carquois, il tendit la corde de son arc. Il regarda la biche, et ferma à demi son œil gauche, il avait toujours cette mimique lorsqu’il se concentrait pour viser. Il s’apprêtait à décocher quand un craquement de branche se fit entendre. Le bruit venait  de quelques mètres devant lui, vers la droite. La biche avait relevé la tête, elle regardait sur la droite, les oreilles bien dressées au-dessus de sa tête. Nathan décocha sa flèche. Trop tard, la biche avait bondi vers l’avant et avait disparu dans la forêt.

Nathan pestait, cela faisait 2 heures qu’il pistait cette biche et il l’avait loupé. Il relevait la tête et s’apprêtait à aller chercher sa flèche quand une silhouette noire apparut sur la droite. Un jeune loup sortait des buissons, il avançait lentement en reniflant le sol. Nathan le fixait, il était ébahi par la beauté et la grâce de l’animal. Il avait déjà vu de loups par le passé, surtout depuis qu’il était dans les Cimfroides, mais jamais d’aussi près. Le jeune loup tourna sa tête vers lui, il le fixait de ses yeux jaunes. Nathan le trouvait magnifique, son épaisse fourrure était d’un noir abyssal, et ses yeux jaunes qui le fixaient toujours. Nathan savait que le loup l’avait vu et senti depuis un certain temps déjà, mais bizarrement, il ne ressenti aucune peur, en fait, il se sentait plutôt heureux de pouvoir assister à ce spectacle. Le loup tourna la tête vers l’endroit où était partie la biche, il jeta un dernier regard à Nathan, et s’engouffra dans la forêt.

Nathan se releva, et sorti des buissons, il alla chercher sa flèche qui s’était planté dans un arbre un peu plus loin. La pointe était rouge, il avait finalement réussi à blesser la biche. Nathan savait qu’il n’était plus le seul à la chasser maintenant. Il remit la flèche dans son carquois et se précipita à la poursuite des 2 animaux. Il repéra la trace de la biche assez facilement, elle laissait derrière elle quelques gouttes de sang à chaque bond qu’elle faisait. Il avançait rapidement à demi levé, il savait qu’il devait retrouver la biche avant le loup s’il voulait manger. Aux traces qu’elle laissait, la biche commençait à ralentir, Nathan avança encore un peu puis ralentit à son tour son allure. Il entendait le bruit de l’eau qui rencontre les rochers, la biche s’était certainement rapproché d’un point d’eau afin de se désaltérer. A fur et à mesure qu’il avançait, le bruit de l’eau devenait de plus en plus proche, et Nathan s’abaissait de plus en plus. Puis au détour d’un arbre, il la vit, elle était allongée, elle n’avait pas du l’entendre arriver, elle était trop concentré à lécher sa plaie. La flèche l’avait touché sur le haut de la cuisse.

Nathan scrutait les alentours à la recherche du loup, il savait que ce serait un concours de rapidité. Il encocha une flèche et visa le cou de la biche, il se leva lentement, sans faire de bruit. Au moment où il tira sur la corde, le loup sortit en courant du bois. Nathan décocha sa flèche qui alla se planter directement dans le cou de la biche. Elle s’effondra, et au moment où sa tête toucha le sol, le loup se figea. Son regard allait de Nathan à la biche, puis il fit demi-tour et retourna dans l’ombre du bois. Nathan récupéra sa flèche, il posa ses affaires et alluma un feu, le soleil était bien haut dans le ciel, l’heure approchait midi. Il dépeça et découpa la bête, puis quand le feu commença à bien bruler, il mit à cuire un à un les morceaux de viande. Au moment où il commençait à manger, il vit une ombre sortir du bois. Nathan se figea, le loup s’approchait lentement de sa position. Lentement, Nathan pris un morceau de viande, le loup s’arrêta à 3 mètres du feu et s’assis. Nathan lui lança le morceau de viande, le loup le renifla longuement, et n’en fit qu’une bouchée, il avait visiblement très faim. Nathan lui lança alors une partie du cuissot de la biche, le loup s’allongea et le pris entre ses pattes, il commença à la déguster goulument.

Nathan continuait à manger, le sourire aux lèvres, il était heureux de partager son repas avec le loup. En le voyant manger, une idée lui vint, il pourrait essayer de communiquer avec le loup. Il planta ses yeux dans ceux du loup, et essaya de lui communiquer un sentiment de calme et d’amitié, il ressenti, en échange, de la curiosité. Il essaya de faire comprendre du mieux qu’il put au loup qu’il voulait être son ami. Le loup se leva lentement, Nathan était surpris et déçu que le loup s’apprête à partir, mais à l’inverse de ce qu’il pensait, le loup s’avança lentement vers lui. Il  s’approcha si près de Nathan que son museau frôlait le nez de ce dernier. Nathan avança très lentement sa main vers la tête du loup, sa main tremblait, il la posa délicatement sur la tête du loup, juste entre ses deux oreilles, et il commença à le caresser. Le loup qui jusqu’ici le regardait droit dans les yeux, les ferma petit à petit, il avait l’air d’aimer ces caresses. Lentement, le loup posa sa tête sur les genoux de Nathan. Ce dernier se senti honoré de pouvoir partager ce moment privilégié avec le loup. Il se sentait en confiance, il ne savait pas pourquoi mais il savait que le loup ne lui ferait rien.

Après ce temps de repos, le loup se releva, et Nathan avec lui, il rangea le reste de viande dans son sac et en jeta un petit morceau au loup. Il éteignit le feu, mis son sac sur le dos et rangea son arc. Il se trouvait à 6 ou 7 heures de marche de La Porte du Seigneur des Neiges, il y serait à la nuit tombée. Nathan avait eu le temps de bien explorer les Cimefroides depuis qu’il était parti de Shaemoor. Il allait passer cette nuit dans une auberge, puis il reprendrait la route vers Hoelbrack, la capitale norne. La route jusqu’à La Porte du Seigneur des Neiges passait uniquement à travers la forêt, cela ne dérangeait pas Nathan, il aimait le contact avec la nature. Depuis son départ du campement, le loup le suivait quelques mètre derrière lui. Avec son poil noir, il se fondait dans le paysage, par moment, quand Nathan se retournait, il ne le voyait plus. Nathan appréciait la compagnie du loup, et il avait l’air d’en être pareil pour ce dernier, ils avaient l’impression d’être reliés, comme s’ils ne faisaient qu’un.

La nuit était tombée depuis une bonne heure quand Nathan sortit de la forêt. Il apercevait enfin les lumières de l’auberge qu’il avait quittée quelques jours plus tôt. Il fit quelques pas hors de la forêt et se retourna pour voir si le loup le suivait. Ce dernier s’était arrêté quelques mètres derrière Nathan, et s’assit. Nathan s’accroupit et tendit sa main vers le loup, il n’eut pas besoin de dire un mot, le loup s’approcha de lui et lui toucha la main du museau. Il n’y avait pas besoin de parler, ils se comprenaient très bien. Le jeune homme posa sa main entre les oreilles du loup et commença à le caresser avec douceur. Au bout de quelques minutes, Nathan frissonna, il avait froid, il se releva et fit un signe de la tête au loup qui vint se coller à côté de lui. Nathan repris son chemin, il entra dans l’auberge, le loup à ses côtés.

Une grande norne rousse se trouvait derrière le comptoir, elle regardait Nathan en souriant :

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-         Salut Birgit, ma chasse s’est bien passée, j’ai eu une biche ce matin. Comment vas-tu ?, lui répondit-il.

Au moment où il prononçait sa phrase, le loup sortit de la pénombre et vint se placer à côté de Nathan, ce dernier posa sa main sur la tête du loup. Le visage de Birgit changea de couleur, elle pointa le loup du doigt :

-         Que fait cette bête sauvage dans mon auberge ?!, dit-elle, tremblante.

-         C’est mon compagnon de route, nous nous sommes rencontrés dans la forêt, nous avons chassé ensemble, et nous sommes devenu amis… Je crois.

-         Tu crois ? C’est une bête, il va te sauter à la gorge et te tuer dans ton sommeil, c’est tout ce que tu vas gagner !, s’écria-t-elle.

-         Birgit, ne t’en fais pas, je sais qu’il ne me fera rien. Le loup n’est-il pas l’un de vos dieux ? , lui dit-il sur un ton rassurant. Le laisseras tu quand même partager ma chambre ?

Il y eut un moment de silence, et Birgit souffla.

- Tu sais qu’avec tes beaux yeux, je ne peux rien te refuser… Mais, il reste dans ta chambre, je ne veux pas le voir trainer autour des autres clients. , dit-elle sur un ton qui se voulait autoritaire.

- Merci, répondit Nathan en souriant. Je vais monter mes affaires et mon ami et moi allons manger un morceau à la taverne à côté, veux tu te joindre à nous ?

- Non merci, je préfère rester loin de ton « ami » si cela ne te dérange pas, lui dit-elle. Par contre, tu ne vas croiser personne ce soir à la taverne, c’est la soirée des histoires.

- La soirée des histoires ? , demanda Nathan.

- Oui, c’est une soirée où le village se regroupe autour du grand feu et le conteur raconte des histoires. Les gens aiment bien les vieilles histoires même si ils les ont déjà toutes entendues au moins 10 fois. , dit-elle sur un ton moqueur.

- Et toi, tu n’y vas pas ? , demanda Nathan.

- Non, comme je te l’ai dit, j’ai déjà entendu ces histoires plusieurs fois, et puis j’ai une auberge à tenir !

Nathan sourit, il aimait bien Birgit. Il n’était là que depuis une semaine, mais il s’était attaché à elle, elle lui avait expliqué tout un tas de choses sur les norns, leurs croyances, leur façons de vivre… Et en plus de ça, elle avait un caractère bien trempé, il aimait ça.

Il monta les escaliers avec son loup et alla déposer ses affaires dans sa chambre. Il redescendit et bien qu’il fût fatigué, il voulait quand même aller écouter les histoires du conteur. En passant, il fit un sourire à Birgit et lui dit qu’il ne rentrerait pas trop tard.

En ouvrant la porte de l’auberge, une vague de froid le frappa de plein fouet, Nathan frissonna. Il était né et avait toujours vécu à Shaemoor, et les températures avait toujours été clémentes, même en hiver. Hors, ici, bien qu’on fût en été, le froid restait toujours présent, et Nathan ne s’y habitué pas. Il avait aimé visiter les Cimefroides, mais il était pressé de retrouver un pays où il pourrait profiter de la chaleur du soleil. Nathan sortit et vit la lumière du feu, il allait s’approcher quand il vit le loup partir dans le sens inverse. Nathan ressenti la faim du loup, il comprit qu’il avait besoin de chasser. Il s’accroupit, tendit sa main vers le loup et lui fit signe d’approcher. Le loup s’exécuta, Nathan prit la tête du loup entre ses mains, et lui dit :

-         A tout à l’heure, mon ami. On se retrouve ici, il fit une pause et ajouta, il faut que je te trouve un nom tu ne crois pas ?

Le loup plongea son regard dans le sien, et lui lécha le visage. Nathan sourit et après une dernière étreinte, fit un signe de tête au loup qui s’engouffra dans la forêt sombre.

 

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15 décembre 2015

Nathan Partie 1

Le bruit des épées qui s’entrechoquent et des flèches qui sifflent était tout ce que l’on pouvait entendre aux abords du terrain d’entrainement de Shaemoor. Des hommes en armures se battaient les uns contre les autres sur le terrain de terre battue, d’autres s’entrainaient sur des mannequins en bois avec des épées faites du même matériau. Un peu plus loin, d’autres hommes, moins nombreux, s’entrainaient au tir à l’arc sur des cibles plus ou moins éloignées. On remarquait aisément la différence d’expérience entre les archers présents sur ce terrain, certains avaient beaucoup de mal à diriger leurs flèches, la plupart n’atteignaient même pas la cible. D’autres touchaient la cible mais ne l’atteignaient pas pour autant en plein cœur.

Seul, à l’écart, un jeune homme se démarquait des autres archers. Tant par sa capacité à atteindre la cible en plein cœur à chaque tir, que par son physique. L’homme était grand pour un Humain, évidemment il n’atteignait pas la taille d’un Norn et n’avait pas non plus leur gabarit, mais il mesurait un bon mètre 90 et il était fin mais musclé, ce qui lui permettait d’être aussi agile qu’un chat. Ses yeux étaient d’un bleu profond et ses cheveux noirs montaient en crête au-dessus de sa tête. Il était équipé d’un long manteau blanc fait d’un plastron orné de détails en orichalque de couleur rouge, d’un pantalon blanc et de bottes blanches et rouges. Un masque blanc en tissu lui cachait le bas du visage.  Il avait en main un superbe arc qui brillait, et à la ceinture un cor et une hache noire.

Tout à coup, une femme en guenilles et tablier arriva en courant sur le terrain d’entrainement.

<<- Nathan ! Nathan ! Nathan !, criait elle.

L’homme à l’armure blanche se retourna d’un coup.

-         Petra ?! Que se passe-t-il ?, lui dit-il.

-         C’est Père, dit-elle, essoufflée. Des bandits sont entrés dans l’auberge, et ils l’ont frappé.

A ces mots, Nathan parti en courant en direction de l’auberge, sa rage l’aidant à se dépasser. Il ne laisserait personne faire du mal à André, le père de Petra, il se l’était promis. A la mort de ses parents, André et Petra l’avaient accueillie et traité comme si il avait toujours fait partie de la famille. Et avec toutes les épreuves qu’il avait eu à surmonter, il savait que sans Petra et André, il n’aurait pas pu s’en sortir. Dans sa course effrénée, il se souvenait du jour où sa vie avait basculée.

C’était un jour comme les autres qui s’annonçait à Shaemoor, petit village proche de la capitale. L’aube se levait à peine, mais Nathan était déjà au travail. Il était venu au monde au sein d’une famille de paysans, 5 ans avant sa petite sœur. Elevé par des gens simples, gentils et travailleurs, qui aimaient leurs enfants plus que tout. Nathan appris à manier la charrue très tôt pour aider son père aux champs, tâche dans laquelle il excellait grâce à son contact avec les bœufs. En effet, depuis tout petit, il avait développé un rapport particuliers avec les animaux, il arrivait à les apprivoisé avec une facilité déconcertante. Puis, il avait remarqué que son don croissait avec le temps.

 Un jour, en se promenant au bord de la rivière, il se retrouva à quelques mètres d’un Drake des rivières, l’animal et Nathan se regardait dans les yeux, s’observant d’un œil méfiant. Puis, après quelques secondes, Nathan ressenti une sensation de peur, il avait beau la ressentir au fond de son esprit, il savait qu’elle n’émanait pas de lui. Il comprit qu’un lien s’était créer entre le Drake et lui, Nathan essaya de rassurer le drake en bombardant ce lien de pensées positives, il parlait lentement dans sa tête :

-         Je ne te veux aucun mal, je suis un ami. N’ai pas peur.

Il senti la surprise du Drake, et ce dernier pris peur et s’en alla en courant.

Depuis ce jour, Nathan usait autant qu’il pouvait de son don, et le maniement de la charrue lui permettait de communiquait avec les bœufs. C’est d’ailleurs ce qu’il faisait ce jour-là quand il entendit des cris provenant de sa maison, il regarda son père et tous deux lâchèrent leurs outils pour se précipiter chez eux. En arrivant près de la maison, il vu sa mère criant et pleurant, il ne compris pas tout de suite pourquoi, puis en s’approchant, il la vue. Dans les bras de sa mère, gisait sa sœur, inerte. Ses beaux cheveux blonds étaient tachés de sang, ses joues d’habitude si rouges étaient couvertes d’hématomes et ses beaux yeux bleus le fixaient, sans vie. A ce moment-là, pour Nathan, le temps s’était arrêté. Plus rien ne bougeait, il n’entendait plus les cris et les pleurs de ses parents, il ne voyait pas les gens du village se précipitant pour voir ce qu’il se passait, tout ce qu’il voyait c’était les yeux de sa sœur qui le fixaient comme pour lui demander pourquoi. Cette scène il la revoyait sans cesse dans sa tête, et jamais rien ne changeait. Nathan avait beaucoup de mal à se remettre du meurtre de sa sœur, et une semaine après ce drame, sa mère, ne supportant pas qu’on ait assassiné sa fille, mit fin à ses jours. Après ça, son père se mit à boire de plus en plus, pour oublier, il déclencha une bagarre dans un bar, au cours de laquelle il fut tué. Nathan se retrouva seul, il avait tout perdu, il n’avait plus de raison de vivre… Et, il rencontra André, un aubergiste veuf qui élevait seul sa fille unique. André le prit sous son aile, et l’aida à se remettre de tous ces évènements.

 

Chassant ses mauvais souvenirs, Nathan entra dans l’auberge comme un fou, la hache à la main. Il y avait en tout 6 bandits, 2 étaient armés de pistolets, 3 portaient une épée à la ceinture et le dernier était équipé d’un énorme marteau. Sans réfléchir, Nathan trancha la gorge du premier bandit qu’il croisa, et envoya sa hache dans la crane du 2e avant qu’il n’ait eu le temps de sortir son pistolet. Il vit que l’homme au marteau s’apprêtait à le charger, il sorti son arc et lui décocha une flèche entre les deux yeux, l’homme s’écroula à ses pieds. C’est alors que l’un des bandits envoya un coup d’épée destiné à couper Nathan en deux, ce dernier bloqua le coup avec son arc et lui envoya un coup de coude si violent qu’il senti l’os du nez du bandit éclaté. Il n’en restait plus que 2. L’un des deux s’était figé les yeux emplis de peur, et l’autre avait dégainé son épée, visiblement près à en découdre.

Le dernier se jeta sur Nathan pendant que l’autre prenait la fuite. Nathan leva son arc pour parer le premier coup qui visait à le décapiter. Le choc fut si fort que ses bras s’engourdissaient, Nathan en profita pour donner un violent coup de pied dans le tibia du bandit qui se retrouva immédiatement à genou. Nathan finit son action en lui envoyant un énorme coup de poing en pleine tête. Le bandit tomba, K.O.

Nathan se précipita derrière le bar où il voyait dépasser les jambes d’André. Ce dernier était dans un sale état, il était inconscient et son visage était meurtri par les coups qu’il avait reçus. Pendant, que Nathan et Petra, qui l’avait rejoint, s’occuper d’apporter les premiers soins à André, un bruit de pas et de pièces d’armure qui s’entrechoquent se fit entendre devant l’auberge.

Un homme aux longs cheveux blonds et à l’armure dorée entra dans l’auberge suivit d’un contingent de gardes. Nathan le reconnut au premier coup d’œil, c’était Logan Thackeray, l’un des cinq héros légendaires. Lui, Eir Stegalkin la norne, Rytlock Brimstone le Charr, Caithe le sylvari, et Zojja et Snaff les Asurias, avaient sauvés la Tyrie, il y’a quelques décennies.

Logan regarda les cadavres qui jonchaient le sol, incrédule.

<< - Que s’est-il passé ici ?, dit-il en s’adressant à Nathan.

-         Des bandits ont attaqué l’auberge et battu ce pauvre André, répondit Nathan en se relevant.

-         Oui, j’avais été prévenu, dit Logan, mais je ne pensais pas qu’en arrivant je trouverais autant de cadavres… Est-ce vous qui les avez tués ?, demanda Logan.

-         En effet, c’est moi et j’accepterai ma punition, Sir, dit Nathan.

-         Une punition, en aucun cas, Vous êtes un vrai héros, mon ami, quel est votre nom ?

-         Je m’appelle Nathan Faenon, Sir.

-         Bien Nathan Faenon, je vais demander à mes hommes de débarrasser tout ça et je vous envoie un soigneur pour votre ami.

-         Je vous remercie, dit Nathan en hochant la tête.

Durant les semaines qui suivirent, Nathan aida André à se remettre de ses blessures pendant que Petra s’occupait de l’auberge. Nathan profita de son temps libre pour finir de mettre au point un projet qu’il lui tient à cœur depuis bien longtemps : partir à l’aventure.

2 mois et demi après l’attaque des bandits, André s’étant bien remis, Nathan fit ses adieux à André et Petra, et parti vers Hoelbrak, la capitale norne pour commencer son aventure.

15 décembre 2015

D'un iconnu à un ami

Un vent froid soufflait sur les Cimefroides, et la neige tombait sur la Vallée de Tromigar. Les flocons s'empilaient sur le toit de chaume de l'Auberge de Tragg, petit bâtiment de pierre perdu au milieu des Congères d’ Antreneige. L'intérieur comme l'extérieur étaient très modestes et les clients étaient rares, hormis les quelques habitués, des bucherons pour la plupart.

A la première table à gauche, siégeait un asura. Comme tous les asuras, il ne devait pas dépasser le mètre vingt, et sa tête, ses mains et ses pieds étaient exagérément gros par rapport à son corps mince. Il avait une peau bleu clair, tirant un peu sur le gris, et des cheveux gris foncé relevé en brosse au dessus de sa tête. Ses grands yeux d'un bleu profond observaient ce qui se passait autour de lui pendant que sa main droite jouait distraitement avec ses oreilles tombantes.

- Voilà votre bol de bouillon aux herbes, dit un norn trapu en déposant le bol sur la table, à côté du casque de l'asura.

- Merci, répondit Romain en souriant, dévoilant toute une rangée de dents pointues.

Le norn l'observa un instant avant de faire demi-tour et de retourner derrière le bar. Il faut dire qu'il était rare de croiser un asura dans cette région. En effet, les Cimefroides, pays constitué essentiellement de montagnes, de neige et lacs gelés, était le territoire des norns. Les norns étaient réputés pour être de grands guerriers, grâce à leurs carrures extraordinaires et leur force incroyable, rien ne pouvait leur résister très longtemps. La plupart du temps, hommes comme femmes, ils mesuraient toujours aux environ de deux mètres et avaient des épaules larges. Les hommes portaient tous une longue barbe, souvent tressée, et les femmes arboraient des formes généreuses et des coiffures magnifiques. En dehors de ça, ils ressemblaient à de grands humains.

Romain remuait distraitement sa soupe de sa cuillère en bois, se remémorant comment il avait pu atterrir dans une petite auberge coincée entre deux énormes montagnes. Six mois plus tôt, il quittait sa terre natale, Rata Sum, la capitale asura. Rejeté par ses pairs à cause de son empathie trop prononcée et de sa bienveillance. En effet, les asuras accordent plus de valeur à l'intelligence et à la supériorité intellectuelle qu'aux autres attributs. Un asura doit dédier toute sa vie à construire un portfolio de projets réussis ou devenir le plus grand expert dans un domaine précis des arcanes. Ils cherchent constamment à prouver leur supériorité intellectuelle et cela se traduit généralement par un caractère arrogant et impoli. Chez eux, l'empathie, la bienveillance, la compassion et l'altruisme sont des faiblesses. Et ils ne peuvent pas se permettre de garder les plus faibles à leur côté, sinon qu'adviendrait-il de leur supériorité ?

Romain avait perdu ses parents l'année précédente, morts dans l'explosion de leur laboratoire. Ils étaient spécialisés dans la construction de golems médicaux. Ils avaient lutté durant plusieurs années pour faire accepter leur projet de golems soigneurs aux chefs de coterie. Romain tenait toutes ses qualités bienveillantes de sa mère, et de son père il avait hérité une intelligence hors norme. Ses parents l'avaient longtemps protégé des autres asuras, lui donnant des cours à la maison, et lui apprenant à gérer seul ses pouvoirs. En effet, petit, alors qu'il apprenait à peine à marcher, Romain avait échappé à la surveillance de ses parents et s'était retrouvé errant dans leur laboratoire. Il s'était assis dans la machine de construction des golems, et avait été retrouvé par ses parents quelques minutes plus tard. Mais son périple dans la machine lui avait laissé quelques séquelles, une longue cicatrice sur le torse et des pouvoirs curatifs. Depuis ce jour, Romain pouvait soigner d'un claquement de doigt toute blessure superficielle, mais plus la blessure était grave, plus cela lui coutait d'énergie.

Il fut sorti de ses pensées par un énorme norn s'installant sur la chaise en face de lui. Romain fut d'abord surpris par sa taille, ce norn était le plus grand et le plus imposant qui lui avait été donné de voir. Puis, il fut frappé par l'éclat blanc de ses cheveux et de sa barbe. Contrairement à ce que la couleur de sa pilosité laissait à penser, le norn était à peine âgé de 25 ans. Ses longs cheveux étaient remonté en queue de cheval sur le haut de son crane, une petite mèche rebelle s'était néanmoins échappé de son nœud pour venir retomber sur les lunettes rectangulaires qui trônaient sur le nez du norn. Il arborait une courte barbe qui tombait sur son armure lourde.

Après avoir avalé une grande gorgée de sa choppe de bière, le norn regarda Romain et lui demanda :

- Alors, que fait un asura si loin de chez lui ? Tu t'es perdu, mon ami !

Romain fut surpris par le ton chaleureux qu'avait utilisé le norn. C'était la première fois que quelqu'un, autre que ses parents, lui parler de façon si sympathique. Il lui sourit franchement avant de répondre :

- Hé bien, disons que j'avais envie de voir du paysage.

- Ca doit beaucoup te changer de Rata Sum et ses alentours !

- Oui beaucoup! Avant d'arriver ici, je n'avais jamais vu de neige. Et je n'avais jamais eu à subir des températures aussi basses, répondit Romain, en buvant une grande gorgée de bouillon.

- C'est vrai qu'il fait drôlement froid ces derniers temps! Moi même, bien qu'étant un norn, je gèle sur place. Mais bon, j'ai passé cette dernière année à l'Arche du Lion, donc je ne suis plus habitué aux températures.

- A l'Arche du Lion? Je pensais que les norns quittaient rarement leur pays natal.

- Effectivement, la plupart des norns restent ici toute leur vie, mais pas moi. Je suis parti très jeune à la recherche d'aventure, je voulais obtenir la gloire, devenir un grand guerrier, tout ça... , répondit le norn avec un signe de main.

Romain sourit. Les norns étaient obnubilés par la gloire, ils voulaient accomplir des actions tellement incroyables qu'on chanterait leurs louanges durant les siècles à venir.

- Et où en es-tu dans ta quête de célébrité? , demanda l'asura en souriant.

- Hé bien, peut-être est-ce aujourd'hui que je me ferais un nom parmi les légendes!

Le norn but une grande gorgée de bière, finissant du même coup sa choppe. Il fit un signe à l'aubergiste qui s'empressa de la lui remplir à nouveau.

- J'ai été envoyé ici pour mettre hors d'état de nuire un shaman qui sert le grand dragon de glace, Jormag. Et par la même occasion, j'aimerais lui faire cracher le morceau sur l'endroit où se trouve son maitre. J'ai des comptes à régler avec ce dragon.

- Beaucoup doivent être dans ton cas. Je connais l'histoire de Jormag, ce dragon corrompt les esprits des norns pour qu'ils le servent jusqu'à ce que mort s'en suive. Une fois qu'il a corrompu leurs esprits, il leur ordonne de revenir chez eux et de tuer leur famille.

Romain releva la tête de son bol de soupe et observa le norn un instant. Ce dernier avait les yeux dans le vague, et ses traits s'étaient durcis. Le jeune asura ressentait la peine que le norn éprouvait, il décida donc de relancer la conversation sur un autre sujet.

- Tu dis que tu as été envoyé ici, tu as toi aussi un maitre qui te donne des ordres? , lança l’asura sur le ton de l'humour.

Le norn releva la tête et émit un rire franc avant de répondre.

- Oui, on peut dire ça. Et il est moins tyrannique que Jormag. Quoi que... , dit-il en souriant. Je rigole, mais j'ai de la chance qu'il ne m’entende pas dire ça, ajouta le norn en riant.

Romain rit franchement.

- En fait, il y'a quelques années, j'ai rejoint une guilde, reprit le norn. Une bande d'aventuriers si tu préfères. Mais moi qui ne recherchait rien de plus qu'un groupe pour menait des expéditions, j'y ai trouvé bien plus.

Romain avait remarqué que le ton du norn avait changé au cours de la conversation. L'humour avait fait place à l'émotion, et grâce à ses pouvoirs, Romain pouvait ressentir l'amour que ressentait le norn pour sa guilde. L'asura, un peu gêné de la situation, fit une tentative d'humour.

- Ah? Ils t'ont offert un gros tas d'or pour les rejoindre?, lança-t-il en souriant.

Contrairement aux rires que Romain s'attendait à entendre, le norn le regarda en souriant et répondit doucement :

- Non, mieux que ça. Ils m'ont offert une famille.

Romain lui renvoya son sourire, et ils restèrent plusieurs minutes à regarder par la fenêtre sans parler. Ce fut Romain qui brisa le silence en premier.

- Je sais qu'on vient seulement de se rencontrer, mais je me demandais... Ca fait un moment que je suis seul maintenant, et j'aimerais moi aussi trouver une famille qui m'accepterai. Tes amis, ils recherchent d'autres aventuriers pour se joindre à eux?

Le norn lui sourit franchement, et lui répondit:

- On cherche toujours de nouveaux amis qui pourraient se joindre à nous. Mais je te préviens, on n’entre pas comme ça dans la guilde. Tu devras certainement passer des tests, et te plier à la volonté du chef de guilde. Si tout ça te parait acceptable, je veux bien t'amener les rencontrer après ma mission.

- Ca me va, répondit l'asura en souriant.

- Bien, répondit le norn en finissant sa deuxième choppe de bière. Maintenant, si tu veux bien m'excuser je vais soulager un besoin naturel et aller me coucher, parce que j'aimerais partir tôt demain matin.

Romain hocha la tête en souriant pendant que le norn se levait de sa chaise en titubant légèrement.

- Je me lèverai tôt aussi et viendrai te souhaiter bonne route mon ami, dit le petit être en se levant à son tour.

- Merci petit asura, répondit le norn.

- Romain. Je m'appelle Romain, le reprit l’asura.

- Enchanté Romain, moi c'est Dumblebear, répondit le norn en souriant et en lui tendant son énorme main.

Romain se mit sur la pointe des pieds pour serrer les deux premiers doigts de la main qui lui était tendue.

- A demain Dumblebear, lui dit-il en souriant, avant de récupérer son casque qui restait sur la table et de monter les escaliers qui menaient à sa chambre.

 

Le lendemain matin, Romain descendit tôt de sa chambre pour rejoindre Dumblebear qui empaquetait quelques provisions en prévoyance de son expédition.

-          Déjà réveillé ? , lui demanda Dumblebear en le voyant approcher.

-          Je t’avais dit que je viendrais te souhaiter bonne route, lui répondit l’asura en souriant, et puis, j’avais l’intention d’aller faire du troc avec les Jotuns. L’aubergiste m’a indiqué l’endroit où je pourrais les trouver.

-          Bonne idée ! Tu pourrais y trouver des objets intéressants.

-          Et toi, tu sais par où tu vas commencer à chercher ce shaman ?

-          Pas vraiment. J’ai vu quelques grottes au nord d’ici en arrivant. Je pense que je vais commencer mes recherches par là-bas, lui répondit le norn.

-          Avant d’arriver à l’auberge, j’ai vu une grotte qui portait les marques des Fils de Svanir, les norns corrompus par le dragon. Pars en direction du nord est, tu devrais la trouver après quelques heures de marche, lui conseilla Romain.

-          Je te remercie pour tes indications, mon jeune ami, lui répondit le norn en souriant. Bien, je vais me mettre en route, ajouta-t-il en lançant son sac à dos sur son épaule. Je serais de retour au plus tard après-demain, et je te mènerais jusqu’au QG de ma guilde.

-          Bien ! Bon voyage et bonne chance à toi, lui dit Romain en souriant.

-          De la chance ? Je n’ai pas besoin de chance, j’ai seulement besoin de talent, et ça j’en ai à en revendre, lui lança le norn en lui faisant un clin d’œil.

Romain se mit à rire, tandis que le norn s’éloignait, marchant vers sa mission.

Le jeune asura passa la journée à faire du troc avec les Jotuns. Ces géants des glaces étaient impressionnants mais ne brillaient pas par leur intelligence. Ils savaient à peine parler, se contentant souvent de grognements ou de hochements de tête pour communiquer. Romain échangea quelques vis et boulons qui trainaient dans son sac de voyage contre des crèmes curatives que préparaient les Jotuns. Il rentra le soir à l’auberge, complètement épuisé par les négociations de la journée. Comme la veille, il but un énorme bol de soupe avant de s’effondrer sur son lit.

Il passa la journée du lendemain à ramasser plantes et champignons en tout genre qui pourraient lui permettre de créer des baumes et autres crèmes capable de soigner, en prévision du long voyage qui l’attendait. Il marcha aussi jusqu’au village le plus proche afin d’acheter des provisions en tout genre. Bien que maigres, Romain se dit que ces provisions leur permettraient au moins d’atteindre Hoelbrak, la capitale norne, sans de mourir de faim. Le jour d’après, il avait préparé ses affaires et attendait impatiemment le retour de Dumblebear. Il s’était assis près de la cheminée et avait lu une grande partie de la journée. En fin d’après-midi, une énorme tempête de neige s’était déclenchée, un vent fort et glacial s’était mis à souffler sur l’auberge et un gigantesque manteau blanc avait recouvert entièrement le paysage.  Romain resta assis sur le fauteuil près de la cheminée jusque tard dans la nuit, trop inquiet pour son ami pour pouvoir dormir.

A son réveil le lendemain matin, Romain constata que la tempête ne s’était pas calmée, elle s’était même amplifiée. Le jeune asura se posta devant la fenêtre de l’auberge, et faisait les cents pas en espérant apercevoir la silhouette de Dumblebear émerger de la couche blanche qui avait recouvert les alentours. Malheureusement, à la fin de la journée, il dut se rendre à l’évidence : Dumblebear avait disparu. Le jeune asura en était persuadé, il était arrivé quelque chose à son ami. Sa décision était prise, il partirait dès le lendemain matin à la recherche du norn.

Aux premières lueurs de l’aube, Romain était prêt. Il avait d’abord revêtu plusieurs couches de vêtements chauds avant de mettre sa lourde armure de métal bleu et blanc.  Il glissa sa grande épée dans son dos et enfila son casque sur la tête. Seuls ses yeux et ses oreilles tombantes étaient visibles, ce qui lui donnait un air menaçant. Après avoir pris quelques provisions dans sa besace, Romain donna quelques indications sur sa destination à l’aubergiste, lui priant de bien vouloir lui envoyer de l’aide s’il ne réapparaissait pas dans les trois jours. Le jeune asura passa la porte d’un air assuré et fut frappé par un vent glacial, le gelant jusqu’aux os. Il resserra l’écharpe qu’il avait passé autour du cou, et remonta bien ses gants avant de se lancer dans son périple.

Comme il l’avait indiqué quelques jours plus tôt à son ami norn, Romain prit la direction du Nord Est. L’avancée était difficile et fatigante. La neige qui était tombée ces derniers jours s’était entassée sur plusieurs centimètres, et Romain, dont la petite taille était un réel avantage lors des combats mais un énorme défaut dans le cas présent, s’enfonçait de plus en plus dans le manteau gelé. La plupart du temps, seule sa tête dépassait de la neige, mais par moment, il marchait dans un trou et s’enfonçait totalement dans la poudreuse. Rapidement, il coupa une grande branche de sapin et s’en servit comme d’une canne afin de voir ce qui se cachait sous la couche blanche.

Plus Romain avançait, plus il avait l’impression que la tempête de neige redoublait d’intensité. En partant le matin même, il arrivait à discerner des formes à plusieurs mètres devant lui alors que maintenant il ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. Il frappait automatiquement le sol devant lui afin de s’assurer de ne pas tomber dans une crevasse. Mais au milieu de l’après-midi, son bâton rencontra une surface molle. Intrigué Romain se mit à creuser la neige et se retrouva nez à nez avec le cadavre d’un norn. A sa tenue et au tatouage qu’il avait sur le front, Romain l’identifia tout de suite comme étant un Fils de Svanir. Cette découverte, bien que macabre, rassura Romain sur le fait qu’il était sur la bonne route. Une cinquantaine de mètres plus loin, Romain buta sur la même surface molle et rencontra à nouveau le cadavre d’un Fils de Svanir. Il en fut de même jusqu’à ce qu’il aperçut l’entrée d’une grotte décorée de totem représentant le grand dragon Jormag. Romain sourit sous son casque en pensant que Dumblebear avait dû jouer à une version funèbre du petit poucet.

Il dégaina son espadon et avança prudemment. Le bruit du vent s’engouffrant dans la caverne couvrait tout autre bruit. Romain remarqua rapidement les traces de sang qui recouvraient le sol et, très vite, de nouveaux cadavres firent leur apparition. Le jeune asura avançait prudemment et silencieusement. Il s’était bien enfoncé dans la grotte et seules quelques torches sur le point de s’éteindre empêchaient l’obscurité de prendre entièrement possession des lieux. Il arriva à ce qui lui semblait être le fond de la grotte, le sol était recouvert de morceaux de glace mélangés à du sang, comme si un énorme bloc de glace avait explosé, blessant les personnes qui l’entourait. Romain  se baissa, et observa le sol, essayant de comprendre ce qui avait bien pu se passer. Quand tout à coup, il entendit un gémissement derrière lui. Il se releva en un éclair et pivota sur lui-même, brandissant son espadon, prêt à passer à l’attaque. Mais il n’y avait rien. Romain resta en garde durant les minutes qui suivirent, sans bouger, il surveillait les alentours, s’attendant à être attaqué. Un nouveau gémissement lui fit lever les yeux. A quelques mètres au-dessus de lui se trouvait une sorte de prison de glace, de laquelle pendait un morceau de tissu. Romain attendit quelques secondes en surveillant la prison de glace, lorsqu’il aperçut des cheveux blancs et la cage remuer. Romain sut immédiatement qui était retenu dans la prison de glace et d’un éclair, il se téléporta aux côtés de Dumblebear.

Lorsqu’il arriva, la cage se mit à remuer dangereusement. Romain s’accroupit pour stabiliser la structure et se tourna lentement vers son ami. Le norn était visiblement inconscient, et il était dans un sale état. En effet, le corps de Dumblebear était strié de plaies et une énorme stalactite était plantée dans sa cuisse. Romain regarda le visage de son ami, il était pâle, des gouttes de sueur coulaient le long de ses tempes et un énorme bleu décorait son œil droit. L’asura  comprit qu’il devait agir rapidement avant que son compagnon ne succombe à ses blessures. Sa première priorité était de retirer la stalactite plantée dans la cuisse du norn, tout en empêchant que ce dernier ne se vide de son sang. Après, il devrait soigner l’infection qui s’était déclarée et faire retomber la fièvre du norn. Romain retira sa besace et d’un coup d’espadon découpa la corde qui la faisait tenir sur ses épaules. Il passa la corde autour de la cuisse du norn et la serra aussi fort qu’il put. Il prit un morceau de bois qui trainait dans son sac et le mit dans la bouche du norn. Le jeune asura expira un grand coup et se concentra aussi fort qu’il put. Il mit ses mains sur la stalactite, et tira dessus un grand coup. Le norn hurla, réduisant le bout de bois en miettes. Romain laissa tomber la stalactite qui s’écrasa quelques mètres en dessous d’eux. Il mit ses mains au-dessus de la blessure de son ami et ferma les yeux de concentration tout en murmurant les paroles qu’il avait apprises dès sa plus tendre enfance.

Sous ses doigts, la chair du norn se ressoudait lentement. Romain s’appliquait à recréer l’artère fémorale qui avait été sectionnée par le morceau de glace afin que le sang s’arrête de s’échapper de la plaie béante. Quelques secondes après, Romain se laissa tomber en arrière lentement. Il avait fini de reproduire l’artère et avait commencé à refermer la plaie, l’os n’était d’ailleurs pratiquement plus visible, mais le jeune asura était épuisé. Il chercha dans son sac et avala un morceau de pain. Non seulement le voyage jusqu’à la grotte l’avait fatigué, mais soigner une blessure aussi grave lui demandait beaucoup d’énergie. En fouillant dans sa besace, il retrouva quelques une des plantes qu’il avait cueilli les jours précédents son départ. Il sélectionna celles connues pour avoir des propriétés antipyrétiques et sortit le mortier et le pilon que son père lui avait offert quelques années plus tôt. D’un geste sûr et automatique, Romain mit les plantes dans le bol et commença à les pilonner jusqu’à obtenir une sorte de pate verte. Il en enduisit les plaies qui parcouraient le torse du norn, espérant que leur effet se déclenche rapidement. Après ce court moment de repos, il se remit à genou devant la cuisse du norn, replaça ces mains comme il l’avait fait précédemment, et se reconcentra. Une demi-heure plus tard, la chair s’était reformée, ne laissant qu’une plaie superficielle que Romain recouvrit d’un morceau de sa chemise. Il desserra la corde qui entourait la jambe du norn et prit le temps de vérifier si la température de ce dernier avait baissée avant de s’effondrer, mort de fatigue.

Il fut réveillé par des coups donnés sur son bras. Romain émergea difficilement du brouillard de sommeil, et l’obscurité de la pièce ne lui permettait pas de dire si il faisait jour, ni si il avait beaucoup dormi. Il se tourna vers Dumblebear et fut surpris de le voir conscient. Le norn, bien que toujours très pâle, essayait d’afficher un sourire.

-          Alors tu m’as retrouvé, dit-il à Romain en souriant.

-          Bien sûr, c’était un jeu d’enfant, répondit l’asura en lui rendant son sourire. Où en est ta recherche de gloire ?

Le norn émit un gloussement, ce qui lui déclencha une douleur affreuse, le forçant à grimacer et à se tenir les côtes.

-          Tu as certainement une côte ou deux de cassées, dit Romain. Ca, ajouté à la plaie béante que tu avais à la jambe, sans parler de ton œil au beurre noir et des plaies qui recouvrent ton corps, j’espère que tes blessures seront à la hauteur des poèmes que les bardes chanteront à ta gloire !

Le norn émit un nouveau gloussement en se tenant les côtes.

-          On fait un marché, je t’explique ce qui s’est passé et toi tu arrêtes de me faire rire s’il te plait, répondit Dumblebear après avoir repris son souffle.

-          Ça marche, dit Romain en souriant.

Le norn inspira un grand coup en grimaçant avant de commencer son récit.

-          Comme tu me l’avais indiqué, cette grotte était bien la demeure du shaman et de toute sa clique. Je me suis d’abord débarrassé des sentinelles à l’extérieur avant de pénétrer à l’intérieur. C’était facile, ils ne m’avaient pas repéré, mais à peine avais-je passé l’entrée qu’une bande de cinq de ces chiens me sont tombé dessus. J’ai bataillé plusieurs minutes, tranchant une tête ou un bras, empalant l’un, égorgeant l’autre. Bref, après le bruit qu’avait fait la bagarre, je savais que j’avais perdu l’effet de surprise. Trois autres me sont tombés dessus alors que j’essayais d’avancer. L’un d’eux a bien failli me trancher la tête avec sa hache d’ailleurs. J’ai reçu un coup de marteau dans le torse, c’est certainement ça qui m’a brisé une côte. Mais j’ai quand même continué à avancer. Quand je suis arrivé dans cette pièce, j’ai dû éliminer encore deux autres gardes avant de pouvoir me confronter au shaman. Je savais que je n’avais ni l’effet de surprise ni l’avantage de la forme physique après mes derniers combats, mais il fallait que je le tue. C’est là qu’à commencer notre combat épique, et c’est dommage que tu n’es pas été là pour voir ça d’ailleurs. Ce fut l’un de mes plus beaux combats.

Le norn fit une pause pour respirer, et Romain lui tendit une gourde. Après avoir bu une gorgée et remercié l’asura, Dumblebear reprit son récit :

-          Alors qu’il m’avait mis au sol grâce à un coup de poing en pleine face, dit-il en montrant le bleu de son œil, le shaman a commencé à dire une incantation. Je reprenais mes esprits quand j’ai entendu le vent se lever et j’ai vu une sorte de mini tornade apparaitre juste derrière moi. J’ai profité du fait qu’il était concentré sur son incantation pour l’empaler avec mon espadon. Son corps se transforma en un bloc de glace, et il a littéralement explosé. Le souffle m’a projeté dans la tornade et alors que je m’envolais, j’ai réussi à m’accrocher à un barreau de cette prison de glace et à me glisser à l’intérieur. J’ai dû perdre connaissance peu de temps après, je ne me souviens de rien d’autre… Ça fait longtemps que tu m’as retrouvé ? , demanda-t-il.

-          Non, je suis arrivé hier, mais ça faisait plus de quatre jours que tu avais disparu. J’en avais marre d’attendre, alors je suis venu te chercher, répondit Romain en souriant. J’ai retiré le morceau de glace que tu avais dans la jambe et j’ai essayé de refermer la plaie du mieux que j’ai pu. Et je t’ai badigeonné de baume pour faire redescendre ta fièvre.

-          Merci, lui dit Dumblebear avec un faible sourire.

-          Oh ne me remercie pas tout de suite, répondit Romain, il faut encore que je referme les plaies que tu as sur le torse et crois moi, ça ne va pas être une partie de plaisir pour toi. D’ailleurs, j’espère que tu n’as rien contre les cicatrices, parce qu’après ça, tu vas en avoir un paquet. Mais bon, il parait que les filles aiment ça, dit Romain en souriant. D’ailleurs, je me demande si tu n’as pas fait exprès de te blesser pour avoir des cicatrices et séduire une jolie norne !

Dumblebear se mit à rire, et s’arrêta aussitôt que la douleur de ses côtes se déclencha à nouveau.

-          Je croyais qu’on avait dit que tu ne devais plus me faire rire, réprimanda-t-il Romain.

-          Désolé, s’excusa l’asura en souriant. Bon, je vais m’occuper de tes plaies, ça va sûrement te bruler et tu risques de ressentir de gros picotements. Tu es prêt ?

Le norn hocha la tête pour toute réponse, tandis que Romain mettait ses mains au-dessus du torse de son ami en se concentrant.

 

Le lendemain, la fièvre de Dumblebear était tombée et Romain était épuisé d’avoir veillé sur son ami toute la nuit. Le norn était encore très faible, et ils avaient tous les deux très froid. Et pour couronner le tout, ils avaient pratiquement épuisé leurs réserves de nourriture. Romain commençait à vraiment s’inquiéter de la façon dont allait se terminer cette histoire. Il ne savait pas s’il aurait assez de force pour se téléporter en bas de la salle, et même si il le pouvait, il serait toujours trop épuisé pour retourner à l’auberge. Et dans tous les cas, il était hors de question qu’il abandonne Dumblebear ici. Alors qu’il commençait à désespérer de pouvoir un jour sortir de cette grotte, un bruit se fit entendre en dessous d’eux. Romain allait se pencher pour regarder ce qui se passait quand un éclair violet lui passa devant les yeux. Un homme se matérialisa à côté de lui. Il portait une armure légère violette et une grosse écharpe. Sa stature et le monocle sur son œil droit lui donnait un air noble. L’homme le regarda rapidement et s’accroupit à côté de Dumblebear.

-          Comment vas-tu mon ami ?, demanda le mystérieux inconnu à Dumblebear.

-          Illu ? Comme tu le vois, ça pourrait aller mieux. Comment m’as-tu retrouvé ?, demanda le norn, visiblement surpris.

-          Je t’expliquerai ça plus tard, on doit vous sortir de là rapidement. Cette cage ne tiendra pas notre poids à tous les trois très longtemps. Je vous fais un portail préparez-vous.

Un rond violet apparu sous eux, tandis que le jeune homme se téléporta en bas de la pièce. Romain eu tout juste le temps de voir apparaitre un autre rond à côté de l’homme en bas, quand il fut happé par le premier rond. En un clignement, il se retrouva en bas, aux pieds de l’ami de Dumblebear.

-          Gaënia et Glou-Glou sont en train de s’occuper de la tempête dehors. J’imagine que c’est le dernier cadeau que t’as fait le shaman avant de mourir, dit l’homme en regardant Dumblebear.

Ce dernier se contenta de hocher la tête. L’homme se tourna vers Romain et lui dit :

-          Je suis Illusio, chef de la guilde La Bande Du Quaggan De Jade. Je pense que c’est à toi que l’on doit le fait de retrouver Dumblebear en vie ?

Romain, très intimidé, répondit en begueillant légèrement :

-          Ou.. Oui, monsieur. Hum, je.. Je m’appelle Romain.

-          Enchanté Romain, et merci d’avoir aidé mon ami.

Une jeune humaine et un sylvari entrèrent dans la pièce. Romain ne sut pas si il était plus surpris par l’accoutrement excentrique du sylvari ou par l’armure tellement brillante de l’humaine qu’elle éclairait toute la pièce. Illusio se retourna vers les nouveaux arrivants et d’un mouvement de tête, demanda un récapitulatif de la situation.

-          Nous avons mis fin à cette tempête infernale, dit le sylvari.

Ils s’approchèrent et l’humaine se pencha sur Dumblebear.

-          Ben alors mon gros nounours, t’as pas l’air très en forme !

-          Ce shaman t’a mis une sacrée raclée, ajouta le sylvari.

-          Quoi ? Bien sûr que non, je l’ai tué, donc c’est plutôt moi qui lui ai mis une raclée !, répliqua Dumblebear.

La jeune femme se retourna vers Romain et l’inspecta sous toutes les coutures avant de lever les yeux vers Illusio.

-          Regarde, il est troooooop mignon avec son casque ! Dis, on peut le garder s’il te plait ?! Dis oui Illu !, dit-elle d’un air enjoué.

Ce qui provoqua un énorme soupir chez Illusio et un léger rire chez le sylvari. Romain se mit droit avant de se pencher pour saluer dignement les compagnons de Dumblebear.

-          Madame, Monsieur sylvari, je m’appelle Romain, dit le jeune asura en se relevant.

-          Oh, il est vraiment trooooooop chou, dit la jeune femme.

Romain haussa les sourcils de surprise, et le sylvari s’approcha en lui tendant la main.

-          Ne fais pas attention, elle est… toujours comme ça en fait. Je suis Glou-Glou, enchanté. Dis-moi, petit asura, tu ne chercherais pas une guilde par hasard ?, demanda le sylvari.

Romain serra la main qui lui était tendu en souriant. Et pour toute réponse, il hocha la tête énergiquement, provoquant à nouveau le rire étouffé de Dumblebear.

 

15 décembre 2015

Myrae Partie 1

Il était tard désormais. Cela faisait trois jours que Myrae était partie de chez elle pour aller charmer son premier familier. Il faisait nuit, on pouvait entendre les chouettes hululer, et les petits rongeurs vivants alentours, aller et venir à la recherche de quelques graines. Le ciel était si couvert, qu’on ne voyait presque pas la lune, ni les étoiles. Mais Myrae avait été entrainée par son père, un chasseur reconnu dans tout Hoelbrak pour ses talents de pistage. Ce fût le premier Norn à avoir dompté le grand Nuk, un ours sauvage aussi grand qu’un Norn et aussi agile qu’une gazelle. Mais celui-ci était mort quelques mois plus tôt.

Malgré la nuit noire, Myrae voyait très bien sa proie, un léopard des neiges tout juste adolescent qui venait probablement de quitter sa mère pour vivre ses aventures en solitaire. La grâce de l’animal pouvait se ressentir dans chacun de ses mouvements, et par moment, quand le ciel opaque laissait filtrer un rayon de lumière, la fourrure argentée de l’animal brillait comme une étoile dans la nuit. Alors que le jeune félin était assis à contempler la forêt enneigée, il entendit un bruit, juste derrière lui. Il se releva, doucement, dans un mouvement rapide et précis. Il était alors là, debout, entre deux buissons, et fixait intensément les arbres qui se trouvaient en face de lui. Les léopards des neiges ont une très bonne acuité la nuit, ce qui fait d’eux des prédateurs nocturnes hors pair. Myrae qui savait que l’animal l’avait repéré, senti un mélange d’excitation et de peur face à ce jeune, mais malgré tout, puissant animal. Elle s’avançait prudemment pour ne pas l’effrayer. Quand elle arriva à quelques mètres de lui, les muscles du félin, complètement tendus, firent comprendre à la jeune rôdeuse que sa proie était prête à bondir d’un instant à l’autre. Pendant un long moment, rien ne se passa, l’animal et la jeune femme se regardaient. Elle posa un genou au sol, lentement, et continua à observer l’animal. Une légère brise vint caresser le visage de la jeune femme, et agita les deux tresses, que sa sœur avait pris l’habitude de lui faire avec ses cheveux, qui se trouvaient sur chacune de ses épaules.

L’animal s’avança doucement vers la Norn. Myrae savait que les animaux tout juste  indépendants étaient très curieux, et c’est pour cela qu’elle avait décidé d’essayer de dompter ce félin, cela serait plus facile d’établir un contact, dû à cette curiosité qui animait les animaux plus jeunes.

La jeune rôdeuse baissa alors doucement la tête pour signifier son respect à l’animal majestueux qui se trouvait dorénavant à quelques pas d’elle. Elle pouvait maintenant sentir sa truffe humide entrain de toucher son front. L’animal semblait l’avoir toléré. Le jeune léopard humait pour la toute première fois l’odeur d’un Norn, mais cela ne semblait pas le perturber plus que cela. Tout doucement, Myrae releva la tête et commença à renifler l’animal comme il venait de le faire avant avec elle. De cette façon elle voulait montrer au félin qu’elle était comme lui.

Après plusieurs minutes passées à se renifler l’un l’autre, et à s’examiner sous toutes les coutures, les lèvres de la jeune femme commencèrent à bouger

-          Ô esprit de la nature, Ô toi léopard des neiges, je me présente à toi. Je me prénomme Myrae, et je suis venu aujourd’hui à ta rencontre pour te demander d’être mon compagnon.

A ce moment, le léopard abaissa la tête. L’instinct de Myrae lui dicta de poser sa main sur sa tête, chose qu’elle fit. Elle senti au plus profond d’elle-même une chose très étrange se passer. Alors qu’elle avait toujours sa main posée sur l’animal, elle senti son cœur battre fort, très fort, et tout à coup, un second battement, un peu plus rapide se fit entendre, et finit par rejoindre la rythmicité de son propre cœur. C’était le cœur du Léopard. Un lien c’était créé entre eux. Désormais elle pouvait entendre le cœur de cet animal battre, mais elle pouvait aussi ressentir ses émotions. Elles étaient bien sûr plus brutes que celle d’un Norn ou d’un Humain, mais elle les ressentait. L’excitation et le désir de chasser étaient les deux qui se manifestaient en ce moment même.

Cela faisait maintenant deux mois que Myrae et son nouveau compagnon, qu’elle avait baptisé Pardus, s’étaient liés. Durant cette période ils avaient vécu ensemble, appris à se connaitre mutuellement, et à chasser ensemble. De cette manière, leur connexion c’était renforcée et maintenant qu’ils arrivaient à comprendre ce que l’autre ressentait, ils étaient devenus un duo de chasse très efficace.

Myrae décida qu’il était temps pour elle désormais de rentrer chez elle afin de retrouver son père, et sa sœur Maeris. Ils vivaient tous les trois depuis le décès de leur mère quand elle était encore une jeune Norn pas plus haut qu’un Dolyak. Une maladie avait rendu les os de leur mère aussi fragiles que du verre. Un matin alors que toute la maison s’agitait pour préparer le petit déjeuner, son père vint trouver Myrae et sa sœur cadette pour leur annoncer que leur mère ne se réveillerait pas.

Depuis ce jour, chacun des membres de la famille avait bien changés : leur père était devenu un bourreau de travail, et passait ses journées à forger des armes aussi imposantes que puissantes. Sa sœur elle, voulait suivre les traces de sa mère, qui était une guerrière valeureuse.

« Seuls les plus forts peuvent survivre, les faibles doivent mourir », telle était sa devise. Devise que sa petite sœur s’était très vite approprié.

Elle approchait maintenant de Hoelbrak, l’odeur des cuisines se mélangeait à celles des forges qui crachaient une odeur de fer brulé. La voix des commerçants et des artisans commençaient à lui parvenir aux oreilles. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas entendu le bruit de la civilisation.

-          Allé Pardus, je suis pressé de te présenter à ma famille ! Ils sont géniaux tu vas voir. Ma sœur est un peu rude, mais elle n’est pas méchante ! Allé, dépêchons nous.

Alors qu’elle passait la grande arche qui séparait les landes de la ville, elle vit au loin sa petite maison, qui se trouvait un peu éloignée du plein centre. Sa maison se trouvait effectivement un peu en retrait de la ville presque à la cime de la forêt qui jouxtait la cité. La voir ne fit que renforcer son désir ardent de retrouver les siens. Au fur et à mesure qu’elle s’approchait de sa demeure, elle imaginait comment son père réagirait en voyant Pardus et s’il serait fier de sa fille ainée ? Pour Myrae, son père était la personne la plus importante en ce monde. Depuis son plus jeune âge, elle partageait un lien très fort avec son paternel.

Elle était maintenant à quelques mètres, quand elle entendit une voix, elle ressemblait à celle de sa sœur, mais une étrange tonalité l’animait. Intriguée, elle se mit à courir. Pardus qui sentit le cœur de sa maitresse s’accélérer lui emboita le pas. Plus ils se rapprochaient, plus la Norn sentait la boule d’inquiétude qui s’était formée dans son ventre, devenir lourde. Arrivée, elle posa ses mains sur la grande porte en chêne massif, et poussa.
Une fois que ses yeux se furent adaptés à la pénombre intérieure, la scène à laquelle elle assista lui glaça le sang. Son père était allongé sur le sol, ses yeux exprimaient la peur. Il baignait dans son propre sang. Au-dessus de lui se trouvait Maeris, sa sœur. Elle s’appuyait sur le manche de son épée qui était encore planté dans la poitrine de son père.

-          Faible … Faible … Faible … Trop faible …

Quelque chose n’allait pas. La peau de sa sœur était bleue, et une aura morbide émanait d’elle. Myrae compris.

Haine, tristesse, colère, incompréhension, désarroi. Toutes ces émotions submergèrent la jeune femme. Pardus ressenti de façon similaire les émotions de sa partenaire et sans réfléchir, commença sa course vers la jeune femme qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à sa maitresse. La seule différence était que celle-ci était beaucoup plus petite, et paraissait étrangement froide.

Voyant son ami s’élancer vers sa sœur, Myrae retrouvât ses esprits. Vengeance. C’est désormais tout ce qu’elle voulait. Elle dégaina son arc, attrapa une flèche dans le carquois que son père lui avait fabriqué le jour de son départ, banda son arc, visa, et lâcha la corde. Pardus entendit le vent siffler au-dessus de lui, et le temps de comprendre que sa maitresse venait de tirer, le corps de Maeris s’écroula sur le sol, une flèche fichée dans la gorge.

En même temps que le cadavre de sa sœur, Myrae tomba sur le sol. Pourquoi ? Pourquoi sa sœur avait-elle tuée son père ? Elle avait désormais perdu tout ce qui lui restait. Son père, la personne qu’elle chérissait le plus au monde, et sa sœur. Maintenant la tristesse se mélangea avec la culpabilité. Elle avait tué sa sœur. Son unique sœur.

Après quelques minutes, Myrae sécha les larmes qui avaient coulées sur ses joues et se releva. Elle s’avança vers la dépouille de son père et retira l’épée qui était encore plantée dans son torse et la jeta aussi loin qu’elle le put. Elle s’accroupit près de lui et ferma ses yeux en passant la main sur son visage.

-          Que les esprits t’accompagnent dans les brumes père. Repose en paix.

La jeune femme déposa un dernier baiser sur le front de son défunt paternel.

Le corps sans vie de sa jeune sœur se trouvait juste derrière elle. Son cadavre était entièrement bleu, ses yeux verts étaient devenus noirs. Sa peau ressemblait à s’y méprendre à de la glace. Maeris avait été corrompue par Jormag, un dragon ancestral qui faisait vivre un calvaire au peuple Norn depuis son éveil il y a quelques centaines d’années. Nombreux ont été ceux de son peuple qui furent corrompus par la promesse de pouvoir que le dragon pouvait offrir. Mais une fois l’allégeance faite, la folie du dragon détruisait toujours les Norns de l’intérieur jusqu’à n’en faire que des simples pantins assoiffé de sang.

-          Je suis tellement désolé Maeris. Je t’en supplie, pardonne moi. Esprits du corbeau, de l’ourse, du léopard et du loup, je vous implore d’accompagner ma sœur dans les brumes. Que son âme repose parmi les vaillants.

Au fond d’elle,  Myrae savait qu’elle avait fait ce qu’il fallait faire. Venger son père, et délivrer sa sœur de l’emprise de Jormag.

Elle regarda Pardus avec tristesse, et lui dit de sortir de la maison. La Norn attrapa son arc, empaqueta quelques affaires qui se trouvaient dans sa chambre et sorti. Elle prit la torche qui brulait a côté de sa maison, et la jeta sur le toit en torchis.

-          Viens Pardus, partons. Maintenant ils vont pouvoir rejoindre les esprits.

 

Au loin elle entendait les cris des habitants de Hoelbrak, alors qu’elle s’enfonçait dans la forêt. Elle se retourna et regarda une dernière fois la ville dans laquelle elle avait grandi avec sa famille. Et alors qu’elle sentait la tristesse refaire surface, sa main rencontra la fourrure douce et chaude de son compagnon.

-          Il n’y a plus que toi et moi maintenant. En route.

A cet instant précis, elle se jura que tant qu’elle aurait encore un souffle de vie, elle ne vivrait que pour venger sa famille.

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