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La Bande Du Quaggan de Jade
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La Bande Du Quaggan de Jade
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15 décembre 2015

Myrae Partie 1

Il était tard désormais. Cela faisait trois jours que Myrae était partie de chez elle pour aller charmer son premier familier. Il faisait nuit, on pouvait entendre les chouettes hululer, et les petits rongeurs vivants alentours, aller et venir à la recherche de quelques graines. Le ciel était si couvert, qu’on ne voyait presque pas la lune, ni les étoiles. Mais Myrae avait été entrainée par son père, un chasseur reconnu dans tout Hoelbrak pour ses talents de pistage. Ce fût le premier Norn à avoir dompté le grand Nuk, un ours sauvage aussi grand qu’un Norn et aussi agile qu’une gazelle. Mais celui-ci était mort quelques mois plus tôt.

Malgré la nuit noire, Myrae voyait très bien sa proie, un léopard des neiges tout juste adolescent qui venait probablement de quitter sa mère pour vivre ses aventures en solitaire. La grâce de l’animal pouvait se ressentir dans chacun de ses mouvements, et par moment, quand le ciel opaque laissait filtrer un rayon de lumière, la fourrure argentée de l’animal brillait comme une étoile dans la nuit. Alors que le jeune félin était assis à contempler la forêt enneigée, il entendit un bruit, juste derrière lui. Il se releva, doucement, dans un mouvement rapide et précis. Il était alors là, debout, entre deux buissons, et fixait intensément les arbres qui se trouvaient en face de lui. Les léopards des neiges ont une très bonne acuité la nuit, ce qui fait d’eux des prédateurs nocturnes hors pair. Myrae qui savait que l’animal l’avait repéré, senti un mélange d’excitation et de peur face à ce jeune, mais malgré tout, puissant animal. Elle s’avançait prudemment pour ne pas l’effrayer. Quand elle arriva à quelques mètres de lui, les muscles du félin, complètement tendus, firent comprendre à la jeune rôdeuse que sa proie était prête à bondir d’un instant à l’autre. Pendant un long moment, rien ne se passa, l’animal et la jeune femme se regardaient. Elle posa un genou au sol, lentement, et continua à observer l’animal. Une légère brise vint caresser le visage de la jeune femme, et agita les deux tresses, que sa sœur avait pris l’habitude de lui faire avec ses cheveux, qui se trouvaient sur chacune de ses épaules.

L’animal s’avança doucement vers la Norn. Myrae savait que les animaux tout juste  indépendants étaient très curieux, et c’est pour cela qu’elle avait décidé d’essayer de dompter ce félin, cela serait plus facile d’établir un contact, dû à cette curiosité qui animait les animaux plus jeunes.

La jeune rôdeuse baissa alors doucement la tête pour signifier son respect à l’animal majestueux qui se trouvait dorénavant à quelques pas d’elle. Elle pouvait maintenant sentir sa truffe humide entrain de toucher son front. L’animal semblait l’avoir toléré. Le jeune léopard humait pour la toute première fois l’odeur d’un Norn, mais cela ne semblait pas le perturber plus que cela. Tout doucement, Myrae releva la tête et commença à renifler l’animal comme il venait de le faire avant avec elle. De cette façon elle voulait montrer au félin qu’elle était comme lui.

Après plusieurs minutes passées à se renifler l’un l’autre, et à s’examiner sous toutes les coutures, les lèvres de la jeune femme commencèrent à bouger

-          Ô esprit de la nature, Ô toi léopard des neiges, je me présente à toi. Je me prénomme Myrae, et je suis venu aujourd’hui à ta rencontre pour te demander d’être mon compagnon.

A ce moment, le léopard abaissa la tête. L’instinct de Myrae lui dicta de poser sa main sur sa tête, chose qu’elle fit. Elle senti au plus profond d’elle-même une chose très étrange se passer. Alors qu’elle avait toujours sa main posée sur l’animal, elle senti son cœur battre fort, très fort, et tout à coup, un second battement, un peu plus rapide se fit entendre, et finit par rejoindre la rythmicité de son propre cœur. C’était le cœur du Léopard. Un lien c’était créé entre eux. Désormais elle pouvait entendre le cœur de cet animal battre, mais elle pouvait aussi ressentir ses émotions. Elles étaient bien sûr plus brutes que celle d’un Norn ou d’un Humain, mais elle les ressentait. L’excitation et le désir de chasser étaient les deux qui se manifestaient en ce moment même.

Cela faisait maintenant deux mois que Myrae et son nouveau compagnon, qu’elle avait baptisé Pardus, s’étaient liés. Durant cette période ils avaient vécu ensemble, appris à se connaitre mutuellement, et à chasser ensemble. De cette manière, leur connexion c’était renforcée et maintenant qu’ils arrivaient à comprendre ce que l’autre ressentait, ils étaient devenus un duo de chasse très efficace.

Myrae décida qu’il était temps pour elle désormais de rentrer chez elle afin de retrouver son père, et sa sœur Maeris. Ils vivaient tous les trois depuis le décès de leur mère quand elle était encore une jeune Norn pas plus haut qu’un Dolyak. Une maladie avait rendu les os de leur mère aussi fragiles que du verre. Un matin alors que toute la maison s’agitait pour préparer le petit déjeuner, son père vint trouver Myrae et sa sœur cadette pour leur annoncer que leur mère ne se réveillerait pas.

Depuis ce jour, chacun des membres de la famille avait bien changés : leur père était devenu un bourreau de travail, et passait ses journées à forger des armes aussi imposantes que puissantes. Sa sœur elle, voulait suivre les traces de sa mère, qui était une guerrière valeureuse.

« Seuls les plus forts peuvent survivre, les faibles doivent mourir », telle était sa devise. Devise que sa petite sœur s’était très vite approprié.

Elle approchait maintenant de Hoelbrak, l’odeur des cuisines se mélangeait à celles des forges qui crachaient une odeur de fer brulé. La voix des commerçants et des artisans commençaient à lui parvenir aux oreilles. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas entendu le bruit de la civilisation.

-          Allé Pardus, je suis pressé de te présenter à ma famille ! Ils sont géniaux tu vas voir. Ma sœur est un peu rude, mais elle n’est pas méchante ! Allé, dépêchons nous.

Alors qu’elle passait la grande arche qui séparait les landes de la ville, elle vit au loin sa petite maison, qui se trouvait un peu éloignée du plein centre. Sa maison se trouvait effectivement un peu en retrait de la ville presque à la cime de la forêt qui jouxtait la cité. La voir ne fit que renforcer son désir ardent de retrouver les siens. Au fur et à mesure qu’elle s’approchait de sa demeure, elle imaginait comment son père réagirait en voyant Pardus et s’il serait fier de sa fille ainée ? Pour Myrae, son père était la personne la plus importante en ce monde. Depuis son plus jeune âge, elle partageait un lien très fort avec son paternel.

Elle était maintenant à quelques mètres, quand elle entendit une voix, elle ressemblait à celle de sa sœur, mais une étrange tonalité l’animait. Intriguée, elle se mit à courir. Pardus qui sentit le cœur de sa maitresse s’accélérer lui emboita le pas. Plus ils se rapprochaient, plus la Norn sentait la boule d’inquiétude qui s’était formée dans son ventre, devenir lourde. Arrivée, elle posa ses mains sur la grande porte en chêne massif, et poussa.
Une fois que ses yeux se furent adaptés à la pénombre intérieure, la scène à laquelle elle assista lui glaça le sang. Son père était allongé sur le sol, ses yeux exprimaient la peur. Il baignait dans son propre sang. Au-dessus de lui se trouvait Maeris, sa sœur. Elle s’appuyait sur le manche de son épée qui était encore planté dans la poitrine de son père.

-          Faible … Faible … Faible … Trop faible …

Quelque chose n’allait pas. La peau de sa sœur était bleue, et une aura morbide émanait d’elle. Myrae compris.

Haine, tristesse, colère, incompréhension, désarroi. Toutes ces émotions submergèrent la jeune femme. Pardus ressenti de façon similaire les émotions de sa partenaire et sans réfléchir, commença sa course vers la jeune femme qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à sa maitresse. La seule différence était que celle-ci était beaucoup plus petite, et paraissait étrangement froide.

Voyant son ami s’élancer vers sa sœur, Myrae retrouvât ses esprits. Vengeance. C’est désormais tout ce qu’elle voulait. Elle dégaina son arc, attrapa une flèche dans le carquois que son père lui avait fabriqué le jour de son départ, banda son arc, visa, et lâcha la corde. Pardus entendit le vent siffler au-dessus de lui, et le temps de comprendre que sa maitresse venait de tirer, le corps de Maeris s’écroula sur le sol, une flèche fichée dans la gorge.

En même temps que le cadavre de sa sœur, Myrae tomba sur le sol. Pourquoi ? Pourquoi sa sœur avait-elle tuée son père ? Elle avait désormais perdu tout ce qui lui restait. Son père, la personne qu’elle chérissait le plus au monde, et sa sœur. Maintenant la tristesse se mélangea avec la culpabilité. Elle avait tué sa sœur. Son unique sœur.

Après quelques minutes, Myrae sécha les larmes qui avaient coulées sur ses joues et se releva. Elle s’avança vers la dépouille de son père et retira l’épée qui était encore plantée dans son torse et la jeta aussi loin qu’elle le put. Elle s’accroupit près de lui et ferma ses yeux en passant la main sur son visage.

-          Que les esprits t’accompagnent dans les brumes père. Repose en paix.

La jeune femme déposa un dernier baiser sur le front de son défunt paternel.

Le corps sans vie de sa jeune sœur se trouvait juste derrière elle. Son cadavre était entièrement bleu, ses yeux verts étaient devenus noirs. Sa peau ressemblait à s’y méprendre à de la glace. Maeris avait été corrompue par Jormag, un dragon ancestral qui faisait vivre un calvaire au peuple Norn depuis son éveil il y a quelques centaines d’années. Nombreux ont été ceux de son peuple qui furent corrompus par la promesse de pouvoir que le dragon pouvait offrir. Mais une fois l’allégeance faite, la folie du dragon détruisait toujours les Norns de l’intérieur jusqu’à n’en faire que des simples pantins assoiffé de sang.

-          Je suis tellement désolé Maeris. Je t’en supplie, pardonne moi. Esprits du corbeau, de l’ourse, du léopard et du loup, je vous implore d’accompagner ma sœur dans les brumes. Que son âme repose parmi les vaillants.

Au fond d’elle,  Myrae savait qu’elle avait fait ce qu’il fallait faire. Venger son père, et délivrer sa sœur de l’emprise de Jormag.

Elle regarda Pardus avec tristesse, et lui dit de sortir de la maison. La Norn attrapa son arc, empaqueta quelques affaires qui se trouvaient dans sa chambre et sorti. Elle prit la torche qui brulait a côté de sa maison, et la jeta sur le toit en torchis.

-          Viens Pardus, partons. Maintenant ils vont pouvoir rejoindre les esprits.

 

Au loin elle entendait les cris des habitants de Hoelbrak, alors qu’elle s’enfonçait dans la forêt. Elle se retourna et regarda une dernière fois la ville dans laquelle elle avait grandi avec sa famille. Et alors qu’elle sentait la tristesse refaire surface, sa main rencontra la fourrure douce et chaude de son compagnon.

-          Il n’y a plus que toi et moi maintenant. En route.

A cet instant précis, elle se jura que tant qu’elle aurait encore un souffle de vie, elle ne vivrait que pour venger sa famille.

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